10 Résolutions moins débiles pour 2023

Moins des résolutions que des grands principes que j’explore depuis quelques années :

  1. Gagner en clarté 
    Sans clarté, chaque décision, petite comme grande, est tributaire de nos peurs irrationnelles, de nos angoisses inconscientes et finit par nous mener dans la mauvaise direction. La clarté est la première chose qu'on devrait rechercher. Avant le travail. Avant l'amour. Avant de se brosser les dents le matin. Mais voilà : pour se rendre compte de son importance, il faut déjà en avoir un peu. C'est le paradoxe. À moins de... 
     
  2. Vouloir progresser
    Ça paraît simple, presque enfantin, mais ça marche. Appelez-ça comme vous voulez : la foi, la grâce, la résilience. Si on cherche réellement à grandir, à gagner en sagesse, à devenir une meilleure personne, on trouve un chemin. Même si ce chemin n'est pas visible pour l'instant ou – plus difficile – si ce n'est pas celui qu'on avait prévu au départ. Mais il faut le vouloir vraiment. Genre : vraiment vraiment. Alors aucun paradoxe, aucune excuse, aucun obstacle ne tient. C'est la véritable foi.
     
  3. "Où ?" avant "Comment ?" 
    "Comment ?" est la question qui obsède tout le monde. "Comment faire ceci ? Comment arriver là ?" Au point qu'au final, on ne va pas là où on veut, mais là où on sait aller. On se laisse guider par les "comment ?" appris à l'école, au travail, à la télé au lieu de poser la seule question qui compte: "Où ?". "Où veut-on aller ? Et pourquoi ?". La mauvaise direction, même quand on y va très vite ou très efficacement, reste la mauvaise direction.
     
  4. La direction avant la position 
    Là où on se trouve n'est pas important. Au fond du trou, en haut de la montagne, au milieu de la pente : c'est provisoire. Ce qui compte, c'est la direction (le taux d'accroissement, diraient les ingénieurs) : est-on en train de monter ou de descendre ? En train de grandir ou de chuter ? En transformant sa pente intérieure de quelques degrés, on change à la fois la personne et la destination. Ce n'est pas forcément visible immédiatement mais, à terme, c’est ce qui fait la différence.
     
  5. La solution est toujours à l'intérieur 
    Les problèmes qu'on a sont une fonction de qui on est. Si un génie faisait disparaître tous nos problèmes cette nuit en claquant des doigts, on serait content une journée puis, en moins d'une semaine, on se refabriquerait les mêmes – ou des similaires. Donc inutile blâmer les circonstances extérieures : elles n'y sont pour rien. Chercher les causes intérieures qui sont la source. La fameuse pente interne qui nous pousse vers le haut ou vers le bas. 
     
  6. Les problèmes avant les solutions 
    En entreprise, nous dit-on, il ne faut jamais signaler à son patron un problème sans présenter en même temps une solution. Dans la vie, c'est une bêtise. Repérer les problèmes est la première étape vers une résolution. On appelle ça la clarté. Une fois l'obstacle repéré, des mécanismes se mettront en place pour le franchir. C'est le déni qui donne longue vie aux difficultés. 
     
  7. Apprendre à se connaître 
    Puisqu'on n'en reçoit pas à la naissance, il est urgent d'investir dans la rédaction de son propre mode d'emploi. S'observer. Pratiquer l'introspection. Comment naît la colère ? La jalousie ? La peur ? Quelles raisons profondes motivent nos actions ? Quelle peurs irrationnelles contrôlent nos pulsions ? Identifier les mécaniques intérieures permet de s'en libérer et donc, à terme, d'être davantage délibéré en chaque chose.
     
  8. Se méfier des pensées 
    Rien de ce qui est vraiment important n'est intellectuel. Réfléchir peut être ludique, social, productif mais les piliers d'une vie ne peuvent pas reposer sur un raisonnement logique. Notre cerveau invente les problèmes quand il n'en trouve pas. Par nature, la pensée n'est jamais en paix. Il faut laisser tourner cette machine sans trop s'en soucier et chercher l'équilibre ailleurs. En cela, la pensée est un peu comme la télévision : elle ne devient nocive que lorsqu'on croit qu’elle dit la vérité.
     
  9. Se méfier des chiffres 
    Les chiffres, pareil : ils ne sont jamais là où ils devraient être. Le cholestérol est trop haut, le salaire trop bas, la température trop faible, le taux d'intérêt trop fort. Par essence, les chiffres servent à quantifier ce qui manque ou ce qui est en trop et sont donc une source permanente d’insatisfaction et de déséquilibre. Mieux vaut se concentrer sur ce qui ne se mesure pas : la joie de voir quelqu'un, le plaisir d'une activité qu'on aime, la beauté du ciel.  
     
  10. Vivre dans le présent 
    C'est une expression galvaudée mais c'est aussi la clé du coffre. Seul le présent existe. Le passé, c'est la mémoire – souvent sélective et déformée. Le futur, c'est l'imagination – souvent filtrée par les angoisses du moment. Donc ne pas vivre dans le présent, c'est vivre dans sa tête. Être prisonnier de ses pensées, de ses opinions, de ses souvenirs. Pourquoi pas, après tout. Mais de temps en temps, il est toujours souhaitable faire un tour "ici et maintenant". Pour garder contact avec le monde, avec les autres et avec soi.

Bonne année 2023.

Promenade dans la Médina

Retrouvées dans mon téléphone. C'était il y a quelques jours sur un autre continent.

Les Chiens Beldi font la sieste en bande
Malgré mon nouveau système infaillible, me suis encore paumé dans les Souks
Pause thé sur la terrasse de la Fnaque Bernère (sic)

Huberman / Willink : La Motivation Ne Sert à Rien

Huberman est un neuroscientifique américain dont le podcast est devenu extrêmement célèbre aux États-Unis. Il donne des conseils de bien être et de productivité basés sur le fonctionnement du cerveau.

Je l’écoute de temps en temps, sur la route.

Aujourd’hui, il recevait Jocko Willink (jamais entendu parler) : un ancien officier des Navy Seals devenu auteur et consultant. Ils ont parlé motivation, discipline, comment atteindre son potentiel, dépasser ses limites, etc. 

C’était très intéressant. Quelques idées fortes que j’en ai tiré :

Ne pas se reposer sur la motivation. Jocko Willink, qui se lève tous les jours à quatre heures du matin pour faire de l’exercice (parfois cinq à six heures si on compte le jiu jitsu brésilien) explique que la motivation est une mauvaise base pour agir. Il dit à peu près (je résume et je paraphrase) :

La motivation, ça va, ça vient. Le bonheur, ça va, ça vient. Si on attend ça pour agir, on risque de ne rien faire.

Il continue : « Le matin, je ne réfléchis pas. Je ne pèse pas le pour et le contre. Je fais ce qui est prévu. La discipline est plus importante que l’envie. »

Évidemment, me direz-vous, c'est un militaire.

Mais ça fait aussi écho à ce que dit Rob Burbea (pas du tout un militaire) sur l’impermanence dans Seing That Frees que je lis en ce moment. Si vous observez vos sensations à chaque instant, dit-il, vous réalisez qu’elles se transforment sans arrêt indépendamment des circonstances. On passe de la joie à la tristesse, de la confiance à l’angoisse, sans que personne – ni soi, ni les autres, ni la situation – n'en soit nécessairement responsable. C’est la nature des choses. (Même s'il est toujours plus facile d'accuser le monde extérieur.)

Jocko Willink prend l’exemple de la marche chargée (sac à dos plein) dans le désert. Les 20 premières minutes – quelque soit l’entraînement, l’habitude, la forme physique – sont toujours difficiles. On passe un mauvais moment. Mais après un certain seuil, ça devient mécanique et on peut continuer des heures. D’où l’importance de ne pas se reposer uniquement sur la perception immédiate.

L’énergie est la source de l’action. Mais pas l’énergie calorique, précise Huberman. Il parle de l'énergie mentale liée à l’équilibre des différentes hormones et neurotransmetteurs dans le système. Or cet équilibre dépend avant tout de l'activité – sommeil, exercice, rythme, etc – que de ce qu'on ingère (calories). Ce qui implique le paradoxe suivant :

Faire de l’exercice, même intense, donne de l’énergie.

Cette idée qu’on dépense durant l’exercice l’énergie qu’on accumule quand on mange est trompeuse. Elle est vraie au niveau calorique, mais la fatigue, l’inattention et la difficulté à se concentrer sont rarement dues à un manque d’énergie calorique. (« Faites au moins un bon repas toutes les 24 heures et ça ira » dit Huberman). Elles sont dues à un manque d’énergie mentale qui, elle, peut au contraire bénéficier d’être à jeun, de faire de l’exercice intense, d’avoir des horaires de sommeil et de repos réguliers, etc.

J’étais tellement convaincu par leur argumentaire qu’en rentrant chez moi, j’ai ressorti mon vélo, gonflé les pneus, et je suis parti en balade. Puis je l’ai remis à la cave parce que faut pas exagérer.

Tous mes Réseaux en Un

Ce site va devenir mon facebook, mon instagram, mon twitter et mon youtube réunis.

Je ne veux plus laisser un algorithme centré sur le profit choisir ce que je vois et ne vois pas, et décider de ce que mes amis vont voir de ce que je fais. Et si ça ne suffisait pas, les récents soubresauts de Mark Zukerberg, Elon Musk et compagnie m’ont convaincu que je ne voulais pas les laisser en charge, même indirectement, de ce que je diffuse.

Ici, ce sera mon coin d’internet que je contrôle de A à Z.

Je vais créer un fil permettant de diffuser mes textes, photos, vidéos, pets de cerveau, liens utiles (…) et l’améliorer peu à peu pour qu’il soit agréable à lire, facile à partager et que vous et moi puissions intéragir facilement.

Alors oui, me direz-vous : je ne vais pas bénéficier de l’effet réseau qu’apportent les plateformes dédiées.

Tant pis. Je trouverai un autre moyen. Sans doute une mailing liste. Peut-être que j’explorerai à nouveau les systèmes d’agrégateurs de contenus qui permettent aux lecteurs de rassembler plusieurs blogs qu’ils suivent sur un même « fil » sur lequel ils gardent le contrôle.

D’ailleurs, rien ne m’empêche d’utiliser les réseaux pour faire la promotion du site. Mais le contenu sera ici. Les échanges prendront place ici. Ou sur vos sites à vous.

J’aurai moins de lecteurs, moins rapidement. Ça ma va. On va se concentrer sur la qualité de notre interaction plutôt que sur la quantité.

1 Minute de Cigogne et 1 Minute de Chiens

Une minute de cigogne pendant le Muzzin :

Café le Nid des Cigognes, Médina, Marrakech

Et une minute de chiens Bedli (sauvages) jouant dans les jardins de la Koutoubia. À la fin, ils sont surpris par l'arrivée de leurs potes. Puis ils se cassent tous ensemblent, sorant du champ comme des acteurs professionels :

La Peur et le Confort

Deux très mauvaises raisons de ne pas agir.

Deux causes principales de notre inaction.

À tel point que maintenant, quand je me sens sur le point de renoncer à un projet, petit ou grand, je me pose la question : “Est-ce que je renonce par peur ?”. Si je me rends compte que la peur est l’unique (ou la principale) raison, je me fais violence. Ou, au moins, j’essaie d’analyser cette peur, de la mettre en lumière pour qu’elle ne pilote pas mes choix dans l’ombre.

Si ce n’est pas la peur, je me pose la question : “Est-ce que je renonce par confort ?”. La chaleur de mon nid douillet m’empêche-t-elle de partir à l’aventure ? Le nid en question n’est pas nécessairement matériel : il peut s’agir d’un confort de pensée, d’un attachement à des habitudes, d’une satisfaction excessive de ce qu’on possède déjà. Là, pareil : j’essaie de me secouer ou, au moins, d’en être conscient. On tombe moins dans les trous qu’on a repérés.

La peur nous détourne du nouveau. Le confort nous attache au status quo. 

Comprenez-moi bien : il y a mille raisons valables de ne pas se lancer. Parfois, le véritable courage est de ne pas agir. Mais si ces raisons se résument à la peur ou au confort, ça vaut peut-être la peine d’aller chercher plus loin.

Ce que je pense des Fêtes de fin d’Année

Vous imaginez bien qu’un païen comme moi n’est pas particulièrement concerné par la naissance de Jésus Christ. Quant au réveillon du 31, je suis trop snob pour vouloir faire la fête en même temps que tout le monde.

Pourtant, j’aime beaucoup les fêtes de fin d’année.

Justement parce que (presque) tout le monde les fête en même temps. Un peu comme le dimanche. On s’est mis d’accord pour ne rien foutre le même jour et chacun choisit comment. Parcs, ballades, vacances, vélo, famille, messes satanistes.

Tellement peu de choses sur lesquelles on est d’accord.

1 minute de Jardin à Marrakech

Cyber Parc Arsat Moulay Abdeslam

Pour l’instant la vidéo est toute petite mais je ne sais pas encore l’agrandir. (Update : j'ai plus ou moins trouvé.) Et c’est tellement calme qu’on dirait une photo.

Le jardin est magnifique. Des dizaines de fois je suis passé devant mais aujourd’hui, je suis rentré. Calme, entretenu, apaisant. Ravi.

Le Progrès en Méditation

Je pourrais faire un historique de comment je me suis mis à la méditation et de tout ce que ça a changé dans ma vie mais on fera ça une autre fois. C’est souvent l’erreur, lorsque je commence un nouveau site ou un nouveau carnet, de vouloir « repartir de zéro » et expliquer la genèse de tout. Mais très vite, je suis dépassé par la tâche et j’abandonne.

Donc parlons du présent.

Un progrès notable que j’ai remarqué dans ma pratique est de reconnaître de plus en plus de contenus comme étant des pensées.

Vous savez sans doute qu’en méditation, on essaie de faire un pas de côté afin de reconnaître que telle angoisse, telle peur ou telle colère n’est simplement « qu’une pensée » qui va passer comme passent les nuages dans le ciel. Cette simple requalification permet de s’en libérer. Quand une angoisse existentielle est ramenée à ce qu’elle est réellement – un pet de cerveau – elle perd son pouvoir.

Sauf qu’on n’y arrive pas toujours.

Si certaines appréhension sont très vite reconnues pour ce qu’elles sont – des constructions intellectuelles – d’autres sont plus tenaces, plus insidieuses. Comme si, dans le jeu qui consiste à reconnaître les pensées, elles ne comptaient pas. « Ça, se dit-on, c’est la réalité ».

Or, les pensées qu’on n’arrive pas à désigner comme telles sont souvent les plus intimes. Celles auxquelles on est le plus habitué et qu’on traîne avec soi depuis des années, parfois depuis l’enfance. Elles font parti de nous, de notre schéma mental, de notre façon de réagir au quotidien. Elles sont comme un papier peint tellement collé à la réalité – et depuis tellement longtemps – qu’on n’arrive pas à imaginer le monde sans.

Le progrès en méditation, pour moi, c’est le processus qui permet de remettre ces éléments-là en question également.

Jour après jour, la frontière de la conscience s’étend et ce qu’on pensait être la fabrique du monde, l’essence des choses, la fatalité (…) se révèlent n’être qu’un élément supplémentaire de notre monde intérieur. Un autre pet de cerveau.

Jusqu’au jour où, tiraillé par cette angoisse si familière qu’on la pensait inéluctable, on se trouve soudain en position de prononcer ces mots magiques :

« Ça aussi, c’est une pensée. »

(PS : J’ai voulu illustrer ça par la photo d’un nuage qui passe dans le ciel mais, évidemment, aucun nuage aujourd’hui. Juste le ciel bleu. Non pas que je m’en plaigne. Mais bon : j’imagine que, comme métaphore, ça marche aussi.)