Deauville, 11H45

Je commence aujourd'hui quelque chose qui va durer exactement deux jours, et encore.

L'idée est la suivante : j'en ai marre de mettre des années à pondre des scénarios, des romans et des films de merde qui ne servent à rien. Alors que finalement, je peux faire du caca maintenant. En direct.

Je le fais depuis des années. Chaque matin, je ponds environ 1000 mots dans mon journal et je vous assure que ça n'a aucun intérêt. Inutile de se concenter pendant des années. Donc je me dis : et si je publiais mon journal ?

C'est une très mauvaise idée, bien sûr.

Le journal est très personnel. Je parle de comment et pourquoi j'ai mal dormi, des fulgurances que j'ai eues pendant la méditation, de si la douleur que j'ai derrière la tête est une tumeur, tout ça. Donc rien qui ne peut intéresser personne à part moi.

Et en même temps, vous aussi, vous dormez, vous aussi vous avez des fulgurances et vous aussi, vous allez mourir.

Et c'est aussi l'idée que ce n'est pas à moi de juger ce qui plait ou non. Plein de fois, j'ai fait des trucs dont j'étais persuadé que ça allait tout déchirer et en fait... oui, ça a tout déchiré. Je ne me trompe jamais là-dessus et je suis millionnaire AH AH AH !

Non, sans déconner : une diarrhée. C'est ça que je propose. Et au lieu de la mettre dans les toilettes – ce que tout le monde fait et que je trouve très banal – je propose de la mettre directement sur internet – ce que tout le monde fait aussi et qui est très banal alors pourquoi pas moi.

D'où ce nouveau format :

Nicolas Boulenger invente "Le Flot".

Je sais que le mot existe déjà, et l'idée aussi. Mais là c'est "Le Flot par Nicolas Boulenger".

Chaque jour du reste de ma vie (dans la limite probable de deux jours), je vais écrire des choses en direct que je vais publier sans passer trop de temps à me demander si c'est une bonne idée ou pas. Peut-être qu'il ne faut pas que j'utilise de vrais noms quand même pour protéger l'identité de... [NAME REDACTED] QUEL GROS CON. Là je plaisante. J'ai pris quelqu'un qui trouvera ça drôle et qui ne se vexera pas. J'espère. Sinon c'est vraiment un gros con. Mais on l'a toujours su, non ?

Parce que j'ai toujours eu ce problème : à la fois c'est un site un peu "pro" et je veux que les gens qui ne me connaissent pas et qui arrivent tombent sur des trucs "pro". Genre un film, une sélection en festival, ce genre de conneries. Et en même temps, j'ai vraiment envie d'un endroit pour juste écrire les conneries qui me passent par la tête.

Et oui, vous allez me dire : "c'est à ça que servent les réseaux sociaux !". Mais... non. C'est trop trop banal pour le coup. C'est déjà trop saturé de conneries. Et il y a [NAME REDACTED].

Donc je crée un truc séparé. Quand les gens arrivent sur mon site, ils arrivent sur le "Blog", qui est un peu la version "Petite Maison dans la Prairie" de ma vie. Gna gna gna. Oui oui, je suis très créatif, gna gna gna. Oui, je poste une belle photo d'un décor de film que j'ai fait gna gna gna. Oh, regardez, encore une citation de David Bowie sur la création gna gna gna.

Et puis pour ceux qui cliquent dans "flot", c'est le reste.

C'est la cabane où j'ai caché tous les cadavres. C'est ce que je ne devrais pas dire, ce que vous ne devriez pas savoir mais fuck, on ne vit qu'une fois et finalement, en vrai, tout le monde s'en fout.

Je me demande si je commence ça parce que j'ai fini mon roman. J'ai récemment fini un roman que j'écris depuis 15 ans et... PUTAIN, 15 ANS. Est-ce que j'aurais pas pu aller un tout petit peu plus vite bordel de merde ? Bon, il fait 800 pages et... Non, je déconne. Il fait à peine 100 pages. Soit entre 6 et 7 pages par an !! Et tout ça pour quoi ?

Oui oui, je vais l'envoyer à des éditeurs. Mais c'est sûrement ce doute qui m'habite : et s'il est pris nulle part ? Et si tout le monde s'en fout (qui a crié "à juste titre ? [NAME REDACTED], c'est toi ?") ? Parce que le vrai problème c'est que, même si je n'ai pas fait que ça (dieu merci), je suis sûr que ça a occupé une partie de mon espace mental. Une partie de mon cerveau se disait "ça, c'est en cours, donc on ne commence rien d'autre d'important". Et je vous assure que j'ai rigoureusement écouté cette partie de mon cerveau et absolument RIEN fait d'important au cours des 15 dernières années ! À part mon fils. Mais c'est tout.

Donc j'en ai marre de toutes ces conneries. On va faire comme Staline : si la qualité ne marche pas, on va innoner les gens sous la quantité. Il n'y a que ça de vrai. Regardez tous les milliardaires ! Vous pensez que Bernard Arnault s'est enrichi en créant UNE bouteille de parfum PARFAITE ? NON ! Il est a chié des centaines de millions achetées par tous les abrutis de la planète ! La quantité ! La quantité ! Inonder le monde ! Les gens n'ont rien à foutre de ce que je fais ?? TRÈS BIEN ! On va les NOYER DEDANS ! Hanouna style ! Tous les jours, toutes les heures !

Bref voilà où j'en suis.

Et là j'en ai marre d'écrire alors j'arrête. Parce que ça va être comme ça maintenant. Je suis un putain de dictateur. Je choisis quand ça commence et quand ça s'arrête. D'un claquement de doigt, j'arrête la course des astres. Je ferme les yeux et vous n'existez plus. (Les deux dernières phrases sont tirées d'un autre roman que j'ai jamais terminé donc je recycle.)

Bisou.

Je vais au sport parce que pour l'instant, à part bouffer deux pains au chocolat et écrire cette bouse, j'ai rien fait de la matinée. OUI, j'ai plein d'excuses que je vous expliquerai un autre jour mais même pas.

Et pour être clair : j'ai pondu cette bouse en MOINS DE QUINZE MINUTES. Et je déconne même pas. Je suis remonté. Alors que l'autre roman de merde a pris quinze ans et que je vous assure qu'il est BEAUCOUP BEAUCOUP moins drôle.