Truth par Alex Ebert - Ça Me Détend

Débordé avant la projection V1 du film des Ponts début septembre. Mais entre deux séquences de montage, j'ai découvert ce titre – oui, je sais que vous connaissez déjà, vous connaissez tout.

Ça commence comme un western qui finit. Puis ça continue.

À bientôt quand j'aurai sorti la tête de l'eau.

Le Profane et le Sacré

D’abord, soyons clair : je ne suis pas religieux pour deux sous.

J’ai beau être baptisé, communié, sur-communié, j’ai tout laissé tomber vers l'âge de douze ans et les années n’ont fait que consolider mon rejet de toute religion organisée.

Quand on me pose la question, je réponds que je suis agnostique et athée – ce qui peut sembler contradictoire. Agnostique parce que je n’ai pas fait le tour de l’univers et qu’il peut bien y a voir quelque chose, pour ce que j’en sais. Un sens, une équation, une métaphysique qu’on choisirait de personnaliser et d'appeler Dieu. Pourquoi pas. Mais au fond, je pense qu'on ne peut pas savoir et qu'on ferait aussi bien de ne pas s'en préoccuper – ce qui constitue la version forte de l'agnosticisme. Mais – et voilà mon côté athée – même s'il y a effectivement quelque chose là-haut, je suis persuadé que ça n’a rien à voir avec ce que les religions, passées ou présentes, essaient de nous vendre depuis des siècles. Pour moi, Bible, Torah, Coran et consorts sont de la mauvaise fiction utilisée pour maintenir une forme de contrôle.

Voilà d'où nous partons.

Pourtant, depuis quelques années, je me découvre une certaine spiritualité.

La spiritualité serait pour moi la connexion avec quelque chose de plus grand que soi – sans qu'il s'agisse nécessairement d'un dieu.

Il pourrait s'agir d'une connexion avec la nature, par exemple.

Je parle de nature au sens étendu : ce grand tout qui existe depuis le big bang, probablement avant, qui a donné naissance aux galaxies, aux étoiles, aux planètes, lesquelles ont permis l'émergence de la vie sous toutes ses formes : bactéries, plantes, animaux. Cette gigantesque soupe en transformation perpétuelle qui, par des lois que nous commençons à peine à comprendre, est à l'origine de tout ce que nous connaissons. Que certaines parties de ce tout développent une conscience propre et soient capables de faire l'expérience d'elles-mêmes et du monde, que cette complexité physico-chimico-biologique donne naissance à une telle simplicité d'expérience ("je suis") qui permette à chacun de dérouler le fil de sa vie sans avoir besoin d'en comprendre les rouages sous-jacents, je trouve qu’il y a une magie là-dedans. Un mystère, tout au moins. Une beauté, assurément.

Mais surtout : ce petit bout de spiritualité suffit à définir une frontière entre profane et sacré.

La vision profane du monde serait de ne voir ici-bas qu'une accumulation de matière et de lois physiques dont il faudrait s'emparer pour faire son beurre. Il n'y aurait de mystère nulle part, aucune question, aucun émerveillement et de là, aucun respect à cultiver envers rien. Seulement des ressources à exploiter. Le vivant ne serait alors qu’un combustible de plus au service de notre vision du confort et du progrès.

L'antithèse de cette idée, si bien défendue par Bernard Stiegler dans cette vidéo découverte dernièrement, me ramène également à ce que disait Alan Watts sur le sujet.

À savoir que le rapport qu'entretient l'homme à la nature est construit sur une double méprise. La première : que notre rôle serait de dominer la nature. Combattre et maîtriser les éléments pour imposer notre volonté. La seconde : que nous serions en position de la sauver. Que la planète – ou certaines parties de la planète – auraient besoin de nous pour continuer à être. Ces deux options, loin d’être équivalentes dans leurs effets, découlent à leur source de l’omission d’une même vérité fondamentale :

Nous sommes la nature.

Nous, les êtres humains, sommes autant la nature que les vaches, les arbres, les fourmis ou les dauphins. Nous sommes faits de la même matière, issus de la même évolution – physique et biologique – et sommes amenés à disparaître dans des conditions similaires. (Par exemple : en transformant notre écosystème au-delà des limites de notre propre survie – ce qui, dans l’histoire des espèces, n’a rien de neuf.)

Cela ne signifie pas qu’il n’y a aucune différence entre l’Homme et les autres espèces. Bien sûr, il y en a. Mais quand on revient aux fondamentaux – vivre, survivre, trouver un sens – il me semble que notre appartenance au vivant est un meilleur prisme d’analyse que ce qui nous en sépare.

Car si nous sommes la nature, rien de ce que nous faisons ne peut être contre nature.

Nous faisons partie du grand tout. Les difficultés que nous rencontrons font partie du grand jeu. Et le mystère et la magie à l'oeuvre dans l'univers s'expriment aussi à travers nous.

C'est Pas la Plage, C'EST LA MER

Ça n'a rien à voir et je considère donc que je n'ai pas renié mon engagement.

Breaking the waves.
L'écume est un fond blanc idéal pour les pêcheurs en ombres chinoises.
Le plus dur est de dresser les mouettes pour qu'elles entrent dans le cadre au bon moment.

Malheureusement, je crois que vous vous farcirez des photos de plage jusqu'à ce que je déménage.

Mais au fait... Qu'est-ce Que l'Art ?

J'ai découvert ce type avant-hier dans cette vidéo. C'est devenu mon être humain préféré. (J'espère ne pas découvrir que c'est une crapule... ll n'en a pas l'air. Vous me direz.)

L'exemple du chasseur lapon a éveillé mon intérêt puis je suis resté conquis : le caractère somptuaire de l'art, le rôle de l'esthétique dans la société, le lien avec le divin, la politique ou l'industrie, j'ai trouvé tout cela passionnant. À voir et à méditer.

UPDATE : on me fait signe qu'il est allé en prison dans sa jeunesse pour braquage de banques. Rare sont les philosophes qui vivent leur philosophie jusqu'au bout...

Page 100

Arrivé à la page cent du roman que j'écris... oh... depuis quinze ans.

Je dirais qu'il reste une dizaine de pages avant la fin donc je devrais le terminer dans un ou deux ans.

Ceci N'Est Pas de l'Eau (Et Pas de l'Art)

Aux Franciscaines pour travailler. Je vois qu'il y a une installation immersive qui commence dans 5 minutes. Comme j'ai une copine qui est là-dedans et qu'elle n'a encore jamais réussi à me convaincre que ça avait le moindre intérêt, je pose mon sac à la consigne et j'y vais. On verra bien.

L'installation s'appelle Dernière Minute mais aurait aussi bien pu s'appeler "Générateur de Particules", parce que ce n'est que ça. Pendant une demi-heure.

On commence par trente secondes de voix off où une femme raconte qu'elle a dû disperser les cendres de son père dans la mer – sûrement pour faire croire aux commissions et à Arte qu'il y a du fond là-dedans. Puis on n'en entend plus jamais reparler.

Au début, c'est joli. La première minute. (Ça aurait dû être ça, le titre !) Des particules sur le sol et les murs qui ressemblent à de l'eau ou à de la fumée. Puis... ça reste la même chose. Pendant 29 minutes. Des points qui bougent. Puis des traits. Puis des points et des traits. Puis encore de l'eau... alors que la mer (la VRAIE !) est littéralement à cent mètres.

(On s'imagine le futur dystopique où on trimballera les enfants dans ce genre d'installation pour qu'ils aient une idée de ce que ça fait de "marcher dans l'eau". Je vous assure que ça n'a rien à voir.)

Au bout de dix minutes, des flashes très désagréables. Tout le monde ferme les yeux. On regarde les murs. Pour quoi faire ? ("Mais si ! C'est la douleur du deuil ! La rupture de... bla bla bla !")

Alors oui : à regarder en photo, c'est joli. C'est pour ça que j'y suis allé. Mais quand on y est, c'est creux. Artificiel. Ça ne raconte rien. On a l'impression qu'ils ont imaginé toutes les combinaisons géométriques possibles pour que ça puisse durer une demi-heure. Pour l'illustration d'un concert ou d'un spectacle vivant : oui, pourquoi pas. Mais seul...

L'ouvreuse nous a encouragé au début à "bouger, interagir". On se rend vite compte que c'est assez gadget et vers la fin, presque tout le monde s'était assis.

Vous allez avoir les fesses mouillées !

Seule chose que j'y ai gagné ? Dix euros.

Ah non, je les ai perdus aussi.

Quelle merde.

Photos de Nuit

J'utilise l'appareil photo de mon téléphone pour prendre des photos de mon fils ou – comme vous le savez – beaucoup trop de photos de plage. Hier soir, j'ai découvert la fonction photo de nuit qui est assez impressionnante.

Portail vers le monde aquatique.
Les pêcheurs laissent traîner leurs coffres à jouets.
Au milieu coule une rivière.

Ça m'a fait penser à tout ce qu'on devait mettre en place autrefois pour faire la même chose – OK, pas si terrible : juste un trépied. Mais quand même, le progrès.

Chauve-Souris Filmées à l'Envers = Boîte de Nuit Gothique

On filme des chauve-souris pendues par les pieds en retournant la caméra et bam ! Nous voilà un mercredi soir dans une boîte de nuit allemande des années 80 :

L'idée de base reste astucieuse : filmer des chauve-souris à l'envers à l'envers. Donc à l'endroit. Jusqu'à ce que l'une d'entre elles cherche à se verser un verre.

Pourquoi Tout Ce qu'On Pensait Savoir sur l'Économie Ne Semble Plus Vrai

Un article en première page de l'édition U.S. du New York Times ce weekend qu'on aurait difficilement pu imaginer il y a quelques années.

Seulement en anglais mais si je résume : la confiance placée dans le marché et la libéralisation après la chute de l'URSS – époque où certains parlaient d’une "Fin de l'Histoire" – montre ses limites de façon de plus en plus patente. Non seulement la globalisation n'a pas amené la paix, ni transformé les dictatures en démocratie, ni mis fin à la pauvreté, mais nous vivons dans une des époques les plus inégales de l'Histoire que les changements à venir – énergétiques, climatiques et socio-politiques – risquent d'accroître dans des proportions qu'il est difficile d'imaginer.

Rien de très nouveau, donc, pour qui se tient au courant.

La nouveauté, c'est que ça soit en première page du New York Times.