Je pourrais faire un historique de comment je me suis mis à la méditation et de tout ce que ça a changé dans ma vie mais on fera ça une autre fois. C’est souvent l’erreur, lorsque je commence un nouveau site ou un nouveau carnet, de vouloir « repartir de zéro » et expliquer la genèse de tout. Mais très vite, je suis dépassé par la tâche et j’abandonne.

Donc parlons du présent.

Un progrès notable que j’ai remarqué dans ma pratique est de reconnaître de plus en plus de contenus comme étant des pensées.

Vous savez sans doute qu’en méditation, on essaie de faire un pas de côté afin de reconnaître que telle angoisse, telle peur ou telle colère n’est simplement « qu’une pensée » qui va passer comme passent les nuages dans le ciel. Cette simple requalification permet de s’en libérer. Quand une angoisse existentielle est ramenée à ce qu’elle est réellement – un pet de cerveau – elle perd son pouvoir.

Sauf qu’on n’y arrive pas toujours.

Si certaines appréhension sont très vite reconnues pour ce qu’elles sont – des constructions intellectuelles – d’autres sont plus tenaces, plus insidieuses. Comme si, dans le jeu qui consiste à reconnaître les pensées, elles ne comptaient pas. « Ça, se dit-on, c’est la réalité ».

Or, les pensées qu’on n’arrive pas à désigner comme telles sont souvent les plus intimes. Celles auxquelles on est le plus habitué et qu’on traîne avec soi depuis des années, parfois depuis l’enfance. Elles font parti de nous, de notre schéma mental, de notre façon de réagir au quotidien. Elles sont comme un papier peint tellement collé à la réalité – et depuis tellement longtemps – qu’on n’arrive pas à imaginer le monde sans.

Le progrès en méditation, pour moi, c’est le processus qui permet de remettre ces éléments-là en question également.

Jour après jour, la frontière de la conscience s’étend et ce qu’on pensait être la fabrique du monde, l’essence des choses, la fatalité (…) se révèlent n’être qu’un élément supplémentaire de notre monde intérieur. Un autre pet de cerveau.

Jusqu’au jour où, tiraillé par cette angoisse si familière qu’on la pensait inéluctable, on se trouve soudain en position de prononcer ces mots magiques :

« Ça aussi, c’est une pensée. »

(PS : J’ai voulu illustrer ça par la photo d’un nuage qui passe dans le ciel mais, évidemment, aucun nuage aujourd’hui. Juste le ciel bleu. Non pas que je m’en plaigne. Mais bon : j’imagine que, comme métaphore, ça marche aussi.)

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Ciel bleu sans le moindre nuage