Un moment, il faudra quand même que j'arrive à mettre mes putains de films sur mon putain de site web.

Car voyez-vous : je suis réalisateur. Donc je fais des putains de films.

Et pour faire la promotion de ces putains de films, j'ai un putain de site web.

Et il ne me paraît quand même pas aberrant de vouloir mettre mes putains de films sur mon putain de site web mais – pour une raison que j'ai vraiment autre chose à foutre que de vous expliquer – je n'y arrive pas, bordel de chiotte.

J'ai conscience que le passage précédent peut sembler un peu vulgaire.

Mais en fait, pas du tout. C'est parce que vous n'êtes pas familier avec les règles qui régissent quand on a le droit de jurer ou non.

Par exemple, j'ai le droit de parler de "mes putains de films" parce que :

Règle n°1 : On a le droit de jurer lorsqu'on parle de son propre travail.

Je ne dirais jamais ça de votre travail. Je ne me permettrais pas. Sauf si c'est objectivement de la merde, auquel cas la règle suivante s'applique :

Règle n°2 : On a le droit de jurer en parlant du travail des autres si c'est objectivement de la merde.

C'est une pente glissante, me direz-vous. Après tout, comment savoir si une œuvre est objectivement à chier ? Comment savoir s'il ne s'agit pas d'un jugement personnel ? C'est simple : appelez-moi et je vous dirai. (Spoiler : 99% de tout est à chier.)

Pareil : j'ai le droit de parler de "mon putain de site" parce que :

Règle n°3 : On a le droit de jurer au sujet de la technologie quand elle ne marche pas.

Mais il faut être prudent parce que :

Règle n°4 : Il est mal vu de jurer sur la nature.

Par exemple, il est mal vu d'insulter un nourrisson, un platane ou un chiot. En revanche, j'ai le droit de dire que la mouette qui m'a chié dessus avant-hier est une connasse parce que :

Règle n°5 : On peut jurer sur la nature quand elle vous chie dessus.

D'ailleurs, je considère que le terme "connard" n'est pas foncièrement un gros mot. Pour moi, un connard, c'est quelqu'un qui n'est ni vous ni moi quand on discute ensemble. Ainsi, lorsque vous parlerez de moi en mon absence, ça ne me gêne pas si vous dites :

"Tu as lu le blog de l'autre connard ? C'est vraiment de la merde."

Et donc, en vertu des règles énoncées plus haut, vous conviendrez avec moi que la phrase ci-dessus n'a absolument rien de vulgaire. Surtout si je vous chie dessus – ce qui est le cas.

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Les hommes qui jurent