J'ai remarqué que les fois où je m'énervais le plus, c'est quand quelqu'un faisait comme si je n'existais pas.
Comme si là où je me tenais, il n'y avait personne.
L'automobiliste qui manque de me renverser. Le voisin de transport qui écoute sa musique comme s'il était seul. Le collaborateur qui ne tient aucun compte de ce que je dis.
Je l'ai remarqué chez les autres aussi. Les émotions les plus vives s'élèvent quand on se sent ignoré.
À tel point que beaucoup de ce que l'on fait semble être destiné à prouver qu'on existe.
Travail, conversation, création, réseaux... Tout semble être orchestré inconsciemment pour donner la preuve au reste du monde qu'on est bien là.
Comme si notre peur essentielle était d'être un fantôme. La crainte existentielle de n'être qu'un spectre qui a besoin de s'agiter pour être vu.
Et quand quelqu'un nous ignore, c'est comme s'il mettait à jour cette vacuité. Comme si, d'un geste ou d'une remarque, il réduisait à néant tous les efforts qu'on faisait chaque jour simplement pour être.
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