Pourquoi Faire Vite ?

Je passe tellement de temps à écrire sur ordinateur (roman, scénario, journal, email, etc.) que j'ai récemment commencé à m'entraîner à taper au clavier. Chaque mot-par-minute gagné me sera repayé au centuple – voilà mon plan diabolique.

Au cours d'une de ces sessions dactylographiques, je me suis rendu compte du phénomène suivant : j'obtiens de bien meilleurs scores quand je n'essaie pas d'aller vite. 

Plus exactement : quand je me concentre uniquement sur la précision (faire zéro faute en allant aussi lentement que nécessaire), je deviens à la fois plus rapide (en nombre de mots par minute) et plus précis (en nombre d'erreurs par phrase). Autrement dit : je tape plus vite quand je pends mon temps. 

D'où ma question : dans combien de domaines suis-je inefficient (ou tout simplement mauvais) parce que j'essaye d'aller trop vite ?

D'ailleurs, pourquoi aller vite ?

Il semble qu'on n'y puisse rien : c'est un réflexe conditionné. Dès qu'on maîtrise les bases d'une activité, l'étape suivante est de vouloir augmenter la cadence. Trouver la technique, l'astuce, le gadget qui permettra d'aller plus vite pour améliorer le rendement. Ne surtout pas perdre son temps.

On voit ça partout. À l'école, les meilleurs élèves sont ceux qui brillent en temps limité. En sport, la médaille est attribuée au plus véloce. Au travail, le premier arrivé remporte le marché ou la promotion. C'est tellement entré dans les moeurs qu'on n'y pense même plus.

Mais récemment, j'organise la resistance.

En y réfléchissant un peu, on réalise qu'il existe de nombreuses activité où la vitesse n'est pas aussi nécessaire qu'on imagine. Grosso modo, à moins d'être urgentiste, pompier ou sprinter, on a pris l'habitude d'aller trop vite en tout.

Donc la prochaine fois que travaillerez, que vous marcherez ou que vous ferez le ménage, posez-vous cette question magique : "Pourrais-je faire cette activité beaucoup, beaucoup plus lentement ?".

Cette façon de voir les choses a transformé mon quotidien.

L'idée que je pourrais accomplir une tâche "à mon rythme" sans considération de vitesse ou d'efficacité me rend toute activité beaucoup plus sympathique. Je procrastine moins. Je suis moins anxieux dans le travail. Je considère sans appréhension des actions que je n'aurais jamais songé entreprendre auparavant. Et quand je remarque un stress latent, je peux souvent le relier à une pression de rendement sous-jacente.

Mais surtout, cette philosophie a un autre avantage auquel je ne m'attendais pas : ralentir m'a rendu beaucoup, beaucoup plus rapide en tout.

* Pour ceux que ça intéresse, ma routine pour taper au clavier : je commence par keybr où mon objectif est de faire un zéro faute avec majuscule et ponctuation activées. Une fois réussi, je passe à monkeytype où je dois avoir plus de 96% de précision (français 2K avec majuscules et guillemets). Enfin, 10fastfingers pour aller le plus vite possible toujours en restant au-dessus des 96%.

Le Meilleur Épisode de ma Série Préférée

Pour sortir un peu de Six pieds sous terre, The Wire, Mad Men ou The West Wing, il y a une série que j'avais découverte par hasard et qui m'avait épaté. Je l'ai regardée à nouveau cette semaine et elle m'a à nouveau transporté. Mais surtout, l'épisode 8 – ce que les scénaristes appellent le "turning point", où le(s) protagoniste(s) décide(nt) d'affronter leur destin – m'avait fait un effet boeuf. Ça n'a pas re-loupé.

La série est Halt and Catch Fire et l'épisode en question s'appelle "The 214's".

C'est agréable de voir une série pensée de A à Z. On n'a pas l'impression que les auteurs se piègent eux-même et doivent sans cesse justifier des bêtises inventées précédemment. Les personnages sont tenus. Ça va quelque part. Ça raconte quelque chose.

Dans ce huitième épisode, après les revers dramatiques qu'on attend avant le climax, les trois personnages principaux prennent la décision de sauter le pas et se jeter dans le vide. Sauf qu'ici, ce n'est pas l'exercice d'écriture mille fois vu. J'y ai cru. J'étais avec eux. Tout ce qui s'était produit précédemment a soudain pris sens et m'a donné envie de prendre la route avec eux pour aller au Comdex.

Et le générique, pour les amateurs, était quelque chose.

Impossible de trouver les saisons suivantes en VO. Et j'ai peut-être un peu peur d'être déçu. Mais si vous avez des pistes...

Concept Art "Ma Vie Sur Mars"

Concept art pour un court métrage d'animation que j'ai fini d'écrire il y a longtemps mais que je n'ai jamais fait avancer. La prochaine étape aurait été d'envoyer le scénario à des sociétés de production.

"My Life on Mars"

Première phrase du film (voix off) :

Quand la technologie fut suffisamment avancée pour atteindre Mars, tous les gouvernements de la planète se demandèrent :
– Qui allons-nous envoyer ?
– Je sais, a dit quelqu'un ! Et si on envoyait un enfant ?
Et tout le monde a trouvé que c'était une idée formidable. Mais si vous voulez mon avis : c'était une idée à la noix.

Trois Règles de Vie pour Changer le Monde

Changer le monde, peut-être pas. Mais déjà, vous arrêterez de me casser les pieds.

1. Plus de "bon appétit" à tout bout de champ

À table, avec votre famille, avec vos amis : éclatez-vous.

Même si le manuel de Nadine de Rothschild dit que ça ne se fait pas (quelle est la prochaine étape : "bonne graille ?" faisait remarquer un convive), ça fait partie de la culture française, de votre liberté d'expression et sinon, comment briser la glace avec tous ces gens auxquels on a rien à dire ?

En revanche, quand vous voyez, assis sur un banc public ou à une terrasse, quelqu'un que vous ne connaissez ni d'Ève ni d'Adam, que vous ne recroiserez jamais de votre vie, et qui est en train prendre la première bouchée de son sandwich en lisant le journal... Pourquoi l'emmerder ?

C'est vrai : c'est toujours agréable de connecter avec un autre être humain.

Mais à part l'obliger à avaler de travers pour répondre un "merci" sans conviction et disparaître à jamais de sa vie, qu'avez-vous accompli ? Qu'avez-vous tiré de cette interaction ? Pourquoi cet entrain dans la voix et ce petit sourire satisfait en repartant rue d'Amsterdam ? (Les intéressés se reconnaîtront.)

2. Plus de croissant inutile

Si vous êtes serveur et que je vous demande un café, inutile de me proposer "Et vous ne voulez pas un petit croissant avec ça ?".

Non. Je ne veux rien. Remballe ta camelote.

Si j'avais voulu quelque chose, j'aurais prononcé les mots correspondants. J'aurais articulé "avec un croissant" ou j'aurais demandé "une formule petit déjeuner". Je n'ai besoin d'aucune assistance dans l'appréciation de mes désirs ni la formulation de mes envies.

Alors je sais : c'est probablement votre patron qui l'exige. Mais laissez-moi partager un secret avec vous : rien ne vous oblige à suivre des ordres débiles quand votre patron ne se tient pas juste derrière vous. Et je refuse de croire qu'il se repasse les enregistrements de surveillance en lisant sur vos lèvres pour vérifier que vous suggérez les bonnes pâtisseries. (Si c'est le cas, foutez le camp.)

C'est quoi la prochaine étape ? Commander un verre d'eau pour entendre le serveur vous glisser à l'oreille "vous n'iriez pas faire un petit pipi avant ?". Au moins, je trouverais ça drôle.

3. Commencez maintenant

Terminons sur du positif.

Qu'il s'agisse de méditation, d'exercice physique ou de recherche d'un sens à votre vie, commencez maintenant. Mettez-vous y aujourd'hui. Tout de suite. Ne finissez même pas ce paragraphe. Allez-y.

Surtout, n'attendez pas "d'avoir fini tel projet" ou "d'être dans de meilleures dispositions". 

Il y a deux raisons de ne pas attendre :

  1. Sans équilibre, votre projet va sûrement dans la mauvaise direction et son accomplissement ne fera que vous enfoncer davantage. Quant aux meilleures dispositions, elles ne viendront que si vous faites ce qu'il faut. Commencez.
  2. Si vous repoussez ce qui améliore votre vie à plus tard, "quand vous aurez le temps", vos bonnes résolutions disparaîtront en même temps que votre temps libre. Or, c'est là que vous en avez le plus besoin.

Par exemple : je médite et j'écris mon journal chaque matin. Parfois, je saute un jour ou deux – ça arrive. Mais jamais – ô grand jamais ! – quand j'ai une journée importante ou chargée. Au contraire : c'est là que ça compte et que j'ai besoin de toute mon énergie mentale.

Les lendemains de cuite où je mange du gras en regardant Netflix, c'est moins grave.

Sites web, Wordpress, Drupal : Comment Faire aussi Mal que Moi

Un mot rapide sur comment je fais mes sites internet parce que ma méthode est :

  • Extrêmement lente,
  • Très fastidieuse,
  • Pas du tout sécurisée,
  • Impossible à partager / mettre à l'échelle,
  • Une énorme perte de temps dans ma vie.

Si vous voulez faire la même chose, voici comment.

À la préhistoire, je faisais des sites statiques en HTML / CSS. Et c'était drôle. J'avais appris le html au cours d'un stage dans une boîte internet et je prenais beaucoup de plaisir à faire des sites psychédéliques où tout bougeait grâce à des gifs (maintenant je prononce "jguif" pour mettre tout le monde d'accord) soigneusement placés.

J'aurais dû m'arrêter là.

Puis je me suis mis à Wordpress. Et soyons clair : c'est très bien, Wordpress. Un environnement très mature, une base de code solide, une communauté très active autour d'un schéma open source avec des possibilités payantes pour ceux qui veulent. Quelque soit votre business, dans 90% des cas, Wordpress est une bonne solution.

J'aurais dû m'arrêter là.

Mais quand est venu le moment de faire un site web pour ma société ChezFilms, je voulais davantage de contrôle. Sur l'esthétique, les catégories, la navigation. J'ai commencé par un site statique en html : simple, sobre, rapide. Les infos importantes sur la société, des films de démonstration, une adresse email et puis c'est marre.

Et c'est là que j'ai déconné. J'ai mis le doigt dans l'engrenage.

Je me suis dit : "si je créais quand même une toute petite base de données pour rentrer mes films" ? Après tout, avec plus de 60 films à mon actif, ça avait du sens de pouvoir naviguer les projets par client, par métier, par genre, etc. J'ai donc relié mon site à cette base en php.

Mais pour remplir cette base et la mettre à jour, il fallait bien une console d'administration. Donc j'ai programmé ça, toujours en php : une façon rapide et adaptée de rentrer les films, les équipes, les projets. La version 1 ne concernait que les films. Pour la version 2, j'ai étendu aux autres types de posts : photos, articles, vidéos, etc.

Et avant que je m'en rende compte, j'avais programmé un nouveau Wordpress.

En beaucoup, beaucoup, beaucoup moins bien, évidemment. Mais – je dois l'admettre – très adapté à mes besoins. De sorte que si vous allez sur ChezFilms, c'est encore mon code qui fait tourner le site. (La seule librairie externe que j'utilise est twig.) La console permet aussi de gérer factures et devis.

Puis... J'en ai eu marre. Depuis le début de l'année, comme vous le savez, je mène une approche davantage centrée sur le contenu que le contenant.

J'ai donc tout repris à zéro en utilisant Drupal.

C'est un framework qui permet de construire un site de A à Z mais plus en profondeur que Wordpress. L'architecture est extrêmement modulable de sorte qu'on peut faire ce qu'on veut avec un minimum de code. Et il existe des templates tout faits. C'est avec ça que j'ai créé cette version de la Boulengerie et que je vais créer la prochaine version de ChezFilms.

Et après, c'est promis : on s'arrêtera là.

Statistiques de la Matinée

Distance marchée ce matin : 8.9km

Nombre d'enfants déposés à la crèche : 1

Envie de travailler : 0

Écrits dans le journal : 1231 mots (7287 caractères)

Argent dépensé en cafés boissons : 11,40€

Nombre de rendez-vous très importants cet après-midi : 2

Nombre de rendez-vous reportés sans date : 1

Nombre de rendez-vous repoussés d'une heure : 1

Nombre de fois où je me suis dit que dans la vie il faut vraiment rien prévoir enfin on peut prévoir mais le plus important est d'être capable de danser avec le chaos quand rien ne se passe comme prévu : 2

Nombre de femmes croisées en train de sangloter devant le Bataclan : 1

Nombre de fois où avoir lu le nom d'une actrice que je connais vaguement sur l'affiche d'une pièce à succès m'a fait réfléchir sur l'importance de faire grandir son réseau pour réussir à tel point que j'ai lu l'article wikipedia sur la théorie des graphes pour réfléchir plus profondément aux connexions qui nous lient et imaginer comment on pourrait automatiser le process de trouver des gens qui nous correspondent : 1

Nombre de fois où j'ai eu l'impression de perdre mon temps et de ne pas faire ce que je devrais être en train de faire : 4

Nombre de fois où je me suis dit "tant pis, je fais ce que je fais, arrête de juger" : 3

Nombre de fois où ça a aidé : 2

Nombre de coups de fil reçus pendant la rédaction de ce poste : 1

Nombre de rendez-vous reportés sans date qui ont maintenant une date : 1

Succès de cette matinée sur une échelle de 1 à 10 : 10, les doigts dans le nez.

Mon Nouveau Graphiste est une I.A. (Comme tout le monde)

Ceux qui ont l'oeil auront remarqué qu'une grande partie de mes posts ici sont illustrés par des images générées par une intelligence artificielle, en l'occurence Midjourney.

Pour chaque entrée, je compose une courte phrase en anglais pour décrire ce que je souhaite, souvent assortie des termes "vector illustration" pour un style plutôt dessin ou au contraire "photo-réaliste" pour un résultat photographique. Et le programme me fait quatre propositions à couper le souffle que je peux transformer ou agrandir. Le tout pour 8 euros par mois.

Voici par exemple les quatre résultats proposés pour "Boulenger tournant des films avec une caméra et une baguette" :

4 propositions Midjourney pour la Boulengerie

Ce qui ne veut pas dire que les graphistes sont devenus inutiles – pas du tout ! Ils peuvent encore apporter le café ou faire la courte échelle pour attraper les objets un peu hauts.

Je plaisante (smiley sourire gêné).

Si les images générées par I.A. sont toujours de qualité surprenante, il est encore très difficile d'avoir un véritable contrôle sur le résultat. La machine fait un peu ce qu'elle veut. Sans parler des membres surnuméraires et autres aberrations graphiques qu'on ne manque pas de remarquer au deuxième coup d'oeil. Les illustrateurs malins vont donc faire de ces outils leurs alliés en composant les bonnes requêtes en amont et en effectuant les bonnes corrections en aval afin de créer des oeuvres plus riches, plus vite. Enfin, on espère.

Mais oui : ces métiers vont changer. Et ils ne sont pas les seuls. Parlez-en à GPT3.

Éveil du Dimanche Soir

Rien posté du weekend et beaucoup de travail alors j'ai cherché parmi mes impros vidéos de l'année dernière une que je pourrais reposter vite fait bien fait. J'ai été heureusement surpris de voir que l'une des plus vues était aussi l'une des plus spontanées.

Encore un truc de beatnik :

Un jour, il faudra que je fasse un vrai bilan de cette année d'impro. Et que je change ma gueule sur la couverture de cette vidéo.

Sous Son Œil

Il est certains regards qu'on a intériorisés.

Celui d'un parent, d'un professeur, d'un ami, d'une idole. Quelqu'un qui a eu de l'importance à un moment et qui est devenu un filtre invisible et permanent dans notre façon de voir le monde.

Sans s'en rendre compte, on réagit pour cette personne.

On imagine inconsciemment ce qu'elle trouverait admirable, ridicule, bienvenu, inapproprié. On fait semblant d'apprécier, de détester, de s'amuser, d'être offensé. On agit contre son instinct pour obtenir l'approbation de quelqu'un qui n'est pas là.

On en vient à vouloir contrôler ses pensées. À justifier les fulgurances qui ne vont pas dans le bon sens. Celles qui ne plairaient pas.

Parfois, plusieurs regards se fondent en une masse indistincte qui n'a plus de nom. Une présence multiforme qui juge et qui devient une partie de nous. Voilà le danger : quand la genèse du regard disparaît et qu'il ne reste plus qu'un jugement permanent dont on ignore l'origine. On cherche à marquer des points dans un jeu sans adversaire qu'on ne peut pas gagner.

Le premier remède est de s'en rendre compte. Reconnaître ces moments où le surmoi nie l'instinct, où le cœur dit une chose à laquelle le cerveau s'oppose par réflexe. Comme si l'élan lui-même était tabou. D'où vient ce jugement ? Y a-t-il une présence derrière tout ça ?

Ensuite, se souvenir que ces regards sont des constructions intérieures qui n'ont plus aucun lien avec les personnes qui en étaient la cause. Des jugements qu'on entretient entre soi et soi, sans ancrage dans la réalité, et dont on peut choisir de se débarrasser sans demander la permission.