Quand a-t-on le Droit de Jurer, Bordel de Merde ?

Un moment, il faudra quand même que j'arrive à mettre mes putains de films sur mon putain de site web.

Car voyez-vous : je suis réalisateur. Donc je fais des putains de films.

Et pour faire la promotion de ces putains de films, j'ai un putain de site web.

Et il ne me paraît quand même pas aberrant de vouloir mettre mes putains de films sur mon putain de site web mais – pour une raison que j'ai vraiment autre chose à foutre que de vous expliquer – je n'y arrive pas, bordel de chiotte.

J'ai conscience que le passage précédent peut sembler un peu vulgaire.

Mais en fait, pas du tout. C'est parce que vous n'êtes pas familier avec les règles qui régissent quand on a le droit de jurer ou non.

Par exemple, j'ai le droit de parler de "mes putains de films" parce que :

Règle n°1 : On a le droit de jurer lorsqu'on parle de son propre travail.

Je ne dirais jamais ça de votre travail. Je ne me permettrais pas. Sauf si c'est objectivement de la merde, auquel cas la règle suivante s'applique :

Règle n°2 : On a le droit de jurer en parlant du travail des autres si c'est objectivement de la merde.

C'est une pente glissante, me direz-vous. Après tout, comment savoir si une œuvre est objectivement à chier ? Comment savoir s'il ne s'agit pas d'un jugement personnel ? C'est simple : appelez-moi et je vous dirai. (Spoiler : 99% de tout est à chier.)

Pareil : j'ai le droit de parler de "mon putain de site" parce que :

Règle n°3 : On a le droit de jurer au sujet de la technologie quand elle ne marche pas.

Mais il faut être prudent parce que :

Règle n°4 : Il est mal vu de jurer sur la nature.

Par exemple, il est mal vu d'insulter un nourrisson, un platane ou un chiot. En revanche, j'ai le droit de dire que la mouette qui m'a chié dessus avant-hier est une connasse parce que :

Règle n°5 : On peut jurer sur la nature quand elle vous chie dessus.

D'ailleurs, je considère que le terme "connard" n'est pas foncièrement un gros mot. Pour moi, un connard, c'est quelqu'un qui n'est ni vous ni moi quand on discute ensemble. Ainsi, lorsque vous parlerez de moi en mon absence, ça ne me gêne pas si vous dites :

"Tu as lu le blog de l'autre connard ? C'est vraiment de la merde."

Et donc, en vertu des règles énoncées plus haut, vous conviendrez avec moi que la phrase ci-dessus n'a absolument rien de vulgaire. Surtout si je vous chie dessus – ce qui est le cas.

J'aurais Voulu Être Jeff Bezos

Aller voir les pièces des mes potes comédiens quand j'étais en école d'acteur m'a dégoutté du théâtre fauché, voire du théâtre tout court. Maintenant, soit je vais à la Comédie Française voir des classiques, soit tant pis : je regarde Netflix.

C'est donc plus pour passer une soirée entre potes que j'ai suivi le mouvement pour aller voir J'aurais voulu être Jeff Bezos d'Arthur Viadieu au Théâtre de Belleville, avec mon pote Bob Levasseur. Je ne m'attendais pas à grande chose. Et ça dure une heure trente.

C'est devenue ma pièce préférée du monde entier.

Tout : le sujet, l'écriture, la mise en scène, le jeu de tous les comédiens. Je ne voulais plus que ça s'arrête. j'ai ri, j'ai été touché, j'ai appris. Ça redonne confiance en la création. Bravo les ami·e·s.

Alors ne les manquez pas tant qu'ils sont à Belleville.

UPDATE : vous les avez ratés ? Ils reviennent en octobre 2023 à Belleville !

Ambiance du Weekend

On dirait que les fois où je n'ai pas le temps, je pourrais aussi poster des photos des derniers jours même si elles n'ont pas un intérêt démesuré. Trouville, comme d'hab.

Banc et front de mer
Le soleil au bout des Planches
Ambiance brasserie

Ça me rappelle cette citation que je ressors souvent aux jeunes créateurs pour les libérer de l'angoisse quand ils se lancent (pas sûr que ça les aide mais moi ça me rassure) :

"Vos 10 000 premières photos sont vos pires photos."
– Henri Cartier-Bresson

Tournage UNESCO Campus

Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas travaillé avec l'UNESCO. Hier Campus XXL avec 600 élèves venus voir une avant-première du film Les Gardiennes de la Planète, de Jean-Albert Lièvre, avec l'équipe du film, Jean Dujardin et des experts de l'Océan.

Projection de "Les Gardiennes de la Planète" à l'UNESCO
Micro trottoir dans le Hall de l'UNESCO

Tournage de la journée avec ChezFilms et Caroline Le Hello en chef opératrice tout terrain.

L'Enfant à la Baleine

Ça devient une tradition de poster un dessin de confinement quand je suis pressé. J'aimerais vous dire que j'ai tellement oeuvré durant cette période que j'ai suffisamment de contenus pour meubler les cinq prochaines années... mais non. J'ai aussi beaucoup, beaucoup rien foutu.

C'est une maquette. J'avais commencé le dessin définitif mais il n'a jamais vu le jour :

Enfant à la Baleine

 

PS: Comment n'y ai-je pas pensé avant ? C'est pas dessins de confinement ! C'est du Coron'Art !

Confession – Czeslaw Milosz

Comme souvent, j'ai acheté ce livre par hasard parce que je l'ai ouvert au milieu et qu'une phrase m'a plu. En l'occurence (de mémoire) : "Tu n'aurais pas envié le ténor au manteau en poil de chameau si tu avais deviné sa peur et su comment il allait mourir." Puis j'ai laissé passer quinze ans. Il y a deux jours, je suis retombé dessus et j'ai lu le premier poème qui m'a enchanté :

Seigneur Dieu, j'ai aimé la confiture de fraise
Et la sombre douceur du corps féminin.
Comme aussi la vodka glacée, les harengs à l'huile,
Les parfums : la canelle et les clous de girofle.
Quel prophète puis-je donc faire ? Pourquoi l'esprit
Aurait à visiter quelqu'un de pareil ? Tant d'autres
À bon droit furent élus, dignes de confiance.
Mais moi, qui me croirait ? Car ils ont vu
Comme je me jette sur la nourriture, vide les verres,
Et regarde avidement le cou de la serveuse.
En défaut et conscient de l'être. Désireux de grandeur,
Sachant la reconnaître où qu'elle soit,
Et pourtant d'une vue pas tout à fait claire,
Je savais ce qui reste pour les moindres comme moi :
Le festin des brefs espoirs, l'assemblée des fiers,
Le tournoi des bossus : la littérature.

-- Czeslaw Milosz, Confession, 1986

Rien d'Autre à Dire (Pas Gai mais Beau)

Bien sûr, vous connaissez ce titre depuis belle lurette. Parce que vous êtes cools, vous.

Mais saviez-vous que Dan Klein, le chanteur de The Frightnrs, est mort de la maladie de Charcot ? Je trouve que ça fait quelque chose d'écouter une chanson en sachant que :

  1. Le chanteur est décédé avant la sortie de son premier l'album,
  2. Il savait qu'il allait mourir au moment d'enregistrer le morceau,
  3. On va tous mourir.

Alors oui : c'est du reggae. Mais du reggae new yorkais, me dit-on.

Et quand vous entendrez s'élever les premiers notes de son chant sinueux et mélancolique*, je pense que, comme moi, vous serez conquis :

Till Then, par The Frightnrs

* I never chose to love so sweet a rose, I suppose I was just made that way. (Je n'ai jamais choisi d'aimer une rose si délicate, je suppose que j'ai simplement été fait comme ça.)

Lumière du Dimanche Soir

Fin du weekend. J'ai un peu de rab, je repars à Paris demain matin.

Quai de Trouville-sur-mer

En plus de l'administration pour ChezFilms, j'ai enfin trouvé la fin de "The Stagemaster", le long métrage en anglais que j'ai fini d'écrire... il y a si longtemps. Au moins cinq ans. J'ai trouvé la fin idoine : celle qui tombe sous le sens et éclaire les personnages d'une lumière neuve, belle et cohérente. De sorte que maintenant, je ne peux pas m'empêcher de répéter "ça ne pouvait pas finir autrement". 

J'ai aussi avancé sur un nouveau projet de moyen métrage qui m'excite beaucoup. Dès que je me ballade dans la rue, je m'y replonge et les scènes viennent toutes seules. À aucun moment je n'ai besoin de réfléchir – ce qui est le principal ennemi des scénaristes, si vous connaissez mes opinions sur le sujet.

J'ai aussi avancé sur "Quand le Gondolier Meurt", mon roman. J'en suis au dernier chapitre et ça progresse de plus en plus lentement à mesure que j'arrive au bout.

Objets Trouvés et Radiations : Kramatorsk

Donc je résume :

En 1980, un immeuble est fini d'être construit à Kramatorsk, Ukraine. L'année suivante, une jeune femme de 18 ans vivant dans l'appartement 85 meurt soudainement. Deux ans plus tard, c'est son frère de 16 ans qui décède. Puis la mère. Malgré ces décès en série – tous de leucémie – les habitant ne sont pas plus inquiets que ça. Les docteurs pensent qu'il s'agit "d'une mauvaise hérédité".

Une nouvelle famille emménage. Cette fois, c'est le fils qui meurt d'une leucémie foudroyante. Le père décide de mener son enquête.

Résultat de l'enquête (tenez-vous bien) :

En 1970, une capsule de cesium extrêmement radioactive faisant partie d'un compteur de rayonnement est égarée dans la carrière de Karansky. Les recherches infructueuses sont abandonnés après une semaine. Les pierres extraites de la carrière sont utilisées pour la construction du bâtiment 7 rue Mariyi Pryimachenk. La capsule radioactive se retrouve dans le mur séparant l'appartement 85 et 52, juste à côté du lit des enfants.

Quatre morts, dix-sept irradiés.

Pourquoi je parle de ça ? Parce qu'une capsule radioactive vient d'être perdue sur une route quelque part en Australie. Si vous passez par là...

Encore un Dessin de Confinement

Ça devient une habitude : quand je n'ai pas le temps, je poste un vieux dessin fait pendant le confinement. Sauf que là, c'est aussi le sujet. Et ce n'est pas vraiment un dessin. Mais bon.