Description

Ma vie, mon œuvre, mon nombril.

Sophie Le Cam : C’est Bon, Mangez-En.

Avant, je faisais la blague que seule ma mère listait ce blog.

Récemment, j’ai eu la preuve que même pas.

Donc quand je fais la promotion d’une artiste ici, c’est pas comme si ça servait à grand chose et que j’allais rameuter les foules. Mais bon : c’est une sorte de journal. Je note ce qui me plaît.

Et le concert de Sophie Le Cam – comme son concert précédent – m’a beaucoup, beaucoup plu.

J’adore cette nouvelle période de ma vie où je vais voir les spectacles des gens que je connais et je trouve ça formidable. C’était drôle, doux, rythmé, sincère, avec un décalage qui ajoute une personnalité sans phagocyter l’émotion. Et quelques tubes.

Les clips sont très bien aussi – mais si vous avez le choix allez voir le live.

Et son site est ici.

Smells Like Teen Spirit de Patti Smith

Évidemment, vous écoutez ça en boucle depuis des années, vous, pendant que moi, bêtement, je ne fais rien qu'écouter l'originale – qui est très bien aussi, entendons-nous.

Mais cette version a quelque chose de... charmant. Et rebelle à la fois.

J'aimerais tellement faire le clip de cette chanson.

Je Fais une Expérience

Vous ne le savez sans doute pas mais depuis plus d'un an (ou un peu moins d'un an, je n'ai pas fait le calcul), j'écris un journal.

Chaque matin et souvent à plusieurs reprises au cours de la journée, je jette des mots en paquet sur la page sans aucune prétention littéraire. Mon objectif : analyser dans quel état je suis. Démêler des anxiétés qui planent. "Décrire l'obstacle" comme je dis souvent, c'est-à-dire que plutôt que d'être coincé ou de remettre à plus tard, j'essaie de décrire ce qui me bloque en termes aussi plats et désengagés que possible. Et souvent : ça décoince.

Or, quand je relis mon journal – ce qui n'arrive pas souvent – je trouve que c'est... comment dire... pas désagréable à lire. En tous cas, moins pire qu'on pourrait imaginer. Moins décousu et moins ultra-personnel qu'on pourrait penser. C'est... lisible. Parfois même, à ma grande surprise, assez intéressant. Avec des prises de consciences, des idées et autant d'humour que dans ce que j'écris pour les autres.

Je me dis que tout devrait être facile comme ça.

D'autant que j'ai lu récemment ce post sur le fait d'écrire 1000 mots par jour. Un défi que s'est lancé l'auteur et qui a eu énormémenent d'impact sur sa vie autant personnelle que professionnelle. Et moi de me dire "Mais... je le fais déjà !!!". Sauf que je ne le publie pas, évidemment. 

Et aujourd'hui je me dis : fuck it. C’est sûrement un bon exercice.

D'abord, c'est toujours cette idée d'apprendre en public ("travailler avec la porte du garage ouverte" comme ils disent aux États-Unis) : ne pas attendre que le produit soit fini ou que l'apprentissage soit arrivé à terme pour partager ce qu'on fait. Sinon, on ne partage jamais rien. Austin Kleon en parle beaucoup dans Show your work.

Ensuite, ça rend ce que j'écris plus actuel, plus intime et plus personnel. Car voyez-vous, ce qui fait que je suis intarissable dans mon journal, c'est que j'écris pour explorer les problèmes concrets qui impliquent mon personnage favori : moi. Tout est grave, tout est urgent puisque ce sont les problèmes que je cherche à résoudre maintenant. Impossible de trouver la même verve et le même flot sur un sujet qui n'aurait pas la même actualité subjective, aussi intéressant soit-il dans l'absolu. Et je pense que cette urgence a quelque chose de communicatif.

Enfin, c'est la démarche que j'avais faite avec les impros vidéos l'années dernière. Vous vous souvenez ? Une vidéo de dix minutes par jour, qu'il pleuve ou qu'il vente. L'objectif était de me débarrasser du poids de la technique pour être plus spontané. Je veut obtenir la même spontanéité dans l’écriture.

Par exemple : j'ai donc écrit ce post de bout en bout en une dizaine de minutes sans corriger, sans relire, sans me poser trop de questions. Je vais faire une passe – et une seule – de relecture pour enlever quelques répétitions et un ou deux gros mots. Et puis voilà.

Je dis pas que c’est ouf, hein. Mais c’est là.

UPDATE: OK, j'ai fait deux passes de relecture. Du progrès quand même.

Truth par Alex Ebert - Ça Me Détend

Débordé avant la projection V1 du film des Ponts début septembre. Mais entre deux séquences de montage, j'ai découvert ce titre – oui, je sais que vous connaissez déjà, vous connaissez tout.

Ça commence comme un western qui finit. Puis ça continue.

À bientôt quand j'aurai sorti la tête de l'eau.

C'est Pas la Plage, C'EST LA MER

Ça n'a rien à voir et je considère donc que je n'ai pas renié mon engagement.

Vagues Trouville
Breaking the waves.
Pêcheur plage Trouville
L'écume est un fond blanc idéal pour les pêcheurs en ombres chinoises.
Trouville front de mer
Le plus dur est de dresser les mouettes pour qu'elles entrent dans le cadre au bon moment.

Malheureusement, je crois que vous vous farcirez des photos de plage jusqu'à ce que je déménage.

Page 100

Arrivé à la page cent du roman que j'écris... oh... depuis quinze ans.

Roman page 100

Je dirais qu'il reste une dizaine de pages avant la fin donc je devrais le terminer dans un ou deux ans.

Ceci N'Est Pas de l'Eau (Et Pas de l'Art)

Aux Franciscaines pour travailler. Je vois qu'il y a une installation immersive qui commence dans 5 minutes. Comme j'ai une copine qui est là-dedans et qu'elle n'a encore jamais réussi à me convaincre que ça avait le moindre intérêt, je pose mon sac à la consigne et j'y vais. On verra bien.

L'installation s'appelle Dernière Minute mais aurait aussi bien pu s'appeler "Générateur de Particules", parce que ce n'est que ça. Pendant une demi-heure.

On commence par trente secondes de voix off où une femme raconte qu'elle a dû disperser les cendres de son père dans la mer – sûrement pour faire croire aux commissions et à Arte qu'il y a du fond là-dedans. Puis on n'en entend plus jamais reparler.

Au début, c'est joli. La première minute. (Ça aurait dû être ça, le titre !) Des particules sur le sol et les murs qui ressemblent à de l'eau ou à de la fumée. Puis... ça reste la même chose. Pendant 29 minutes. Des points qui bougent. Puis des traits. Puis des points et des traits. Puis encore de l'eau... alors que la mer (la VRAIE !) est littéralement à cent mètres.

(On s'imagine le futur dystopique où on trimballera les enfants dans ce genre d'installation pour qu'ils aient une idée de ce que ça fait de "marcher dans l'eau". Je vous assure que ça n'a rien à voir.)

Au bout de dix minutes, des flashes très désagréables. Tout le monde ferme les yeux. On regarde les murs. Pour quoi faire ? ("Mais si ! C'est la douleur du deuil ! La rupture de... bla bla bla !")

Alors oui : à regarder en photo, c'est joli. C'est pour ça que j'y suis allé. Mais quand on y est, c'est creux. Artificiel. Ça ne raconte rien. On a l'impression qu'ils ont imaginé toutes les combinaisons géométriques possibles pour que ça puisse durer une demi-heure. Pour l'illustration d'un concert ou d'un spectacle vivant : oui, pourquoi pas. Mais seul...

L'ouvreuse nous a encouragé au début à "bouger, interagir". On se rend vite compte que c'est assez gadget et vers la fin, presque tout le monde s'était assis.

Dernière minute - fin
Vous allez avoir les fesses mouillées !

Seule chose que j'y ai gagné ? Dix euros.

Ah non, je les ai perdus aussi.

Quelle merde.

Vide et Fabrication

Deux pilliers du bouddhisme explorés récemment par la lecture du merveilleux Seeing that Frees de (feu) Rob Burbea, en écoutant les conférences de James Low que j’ai découvert il y a peu et, infatigablement, par les enregistrements d’Alan Watts qui ne cesse de m’émerveiller.

Le vide (« emptiness » en anglais) ne signifie pas qu’il n’y a rien.

Et pour cause : on voit, on entend, on ressent. On imagine. Quelque soit l’origine de ces perceptions et la nature de la réalité qui les produit, on peut se mettre d’accord là-dessus : on fait bien l’expérience de quelque chose. Donc non : il n’y a pas rien.

En revanche, dès qu’on s’intéresse à un sujet en particulier – un arbre, une chaise, un passant – on découvre qu’il est extrêmement difficile de définir quoique ce soit indépendamment du reste.

L’arbre, par exemple. Qu’est-ce qui fait qu’un arbre est un arbre ?

Facile ! Voyons… Un tronc. Des branches. Des feuilles. Des racines… Et voilà ?

Question : la terre autour des racines fait-elle partie de l’arbre ? Réponse : non ! La terre, c’est la terre ; l’arbre c’est l’arbre – ce sont deux choses séparées. Fort bien. Toutefois, a-t-on déjà vu un arbre sans terre ? Et s’il n’existe pas d’arbre sans terre, est-il bien raisonnable d’exclure l’un de la définition de l’autre ? Sur un même registre, l’air fait-il partie de l’arbre ? Avant de répondre, souvenez-vous que le bois vient du carbone de l’air piégé par photosynthèse. (« Les arbres ne poussent pas de la terre, disait Feynman, ils poussent de l’air.») Et, pour aller au bout du raisonnement, puisqu’il n’y a pas d’arbre sans photosynthèse, et pas de photosynthèse sans soleil, le soleil ne devrait-il pas être intégré à la définition également ?

Et la forme elle-même, la couleur des feuilles, les odeurs de bois et de chlorophylle, la rugosité du tronc, tout cela aurait-il un sens s’il n’existait, dans le même monde, des êtres doués de vision, d’odorat et de toucher pour en faire l’expérience ? Dés lors, ces caractéristiques sont-elles propres à l’arbre ou propres à ceux qui les perçoivent ? Le vert est-il une propriété des feuilles ou une propriété de notre cortex visuel lorsqu'on regarde un feuille ? Et dans ce cas, est-il bien raisonnable de nous exclure nous de la définition ?

arbre (n. m.) : Morceau d’univers fait de terre, d’air et de soleil dont les feuilles sont vertes quand on les regarde.

C’est pourquoi pour les bouddhistes, notamment dans la tradition du Dzogchen, rien n’existe indépendamment du reste.

Penser l’arbre sans terre, l’objet sans contexte, la partie sans le tout, c’est créer des concepts qui masquent la véritable nature des choses.  Bien sûr, parfois, c’est bien pratique. Nos cerveaux n’étant pas extensibles à l’infini, il faut bien simplifier. Quand je choisis mes chaussettes le matin, je ne pense pas tous les jours au lien cosmique qui lie chaque fibre du tissu au reste de l’univers. Je prends les rayées parce qu’elles sentent moins fort. 

Le problème survient quand on oublie que les concepts sont des concepts.

Ma chaussette, comme l’arbre, n’a pas d’essence propre, pas de caractéristique cardinale qu’on pourrait isoler du reste, pas de « chaussettitude » qui existerait indépendemment du monde et des observateurs. C’est ça que les bouddhistes appellent  « le vide » : l’absence d’essence propre. Donc quand, par soucis de commodité, je considère ma chaussette comme une entité à part, je crée un concept. Et pourquoi pas : si ça me facilite le vie, tant mieux. Mais quand je prends ce concept pour une réalité, c'est la fin des haricots. J’oublie que le mot « chaussette » n’est qu’une représentation interne d’un morceau du tout qui, à tous les niveaux – physiquement, biologiquement, historiquement – ne peut être séparé du reste. Ce faisant, je crée un objet qui n’existe pas. À partir de rien, j'ai peuplé ma réalité d'un nouvel élément qui impacte ma vision du monde et mes actions. C’est ça, « la fabrication ».

Le soucis de la fabrication ? Elle isole.

En conceptualisant chaque phénomène comme une entité à part, tout semble déconnecté de tout. Les objets entre eux. Les gens entre eux. Soi par rapport aux autres. Le monde par rapport à soi. On oublie que cette séparation entre chaque chose n’est qu’une idée qu’on a soi-même manufacturée pour graisser le quotidien. En jaillissent une certaine solitude, une compétition, un désir de contrôle.

L’objectif de la méditation, notamment dans la pratique de la non dualité, c’est de déconstruire un par un ces concepts afin de percevoir à nouveau le monde tel qu’il est : Entier. Unique. Présent. Et dont, au même titre que les arbres et les chaussettes, nous faisons partie intégrante.

Sur la Maternité

On oublie trop vite les gens qui nous facilitent la vie.

On pense trop longtemps à ceux qui nous posent problème.

Ceux qui aplanissent le chemin, font la courte échelle au bon moment, aident de façon discrète quand on en a le plus besoin, ceux-là ont tendance à s’effacer de notre attention au profit des autres : ceux qui créent le drame, compliquent la situation, présentent une menace. Un problème résolu, dit-on, c’est une chose de moins à penser. Par là-même, la main qui aide peut facilement être oubliée avec le problème qu’elle résout, là où le diable survit dans les complications qu’il crée.

Le cerveau s’efface au profit du monde, disait Alan Watts. Si je perçois le bruit de la rivière et la lumière du soleil, c’est parce que je ne suis pas sans cesse obnubilé par l’existence de mon système nerveux et l’activité de mes neurones. La machine disparaît au profit de l’expérience. 

Par bien des côtés, l’instinct maternel fonctionne de la même façon. En pourvoyant en silence aux besoins vitaux, la mère permet à l’enfant de se concentrer sur le monde plutôt que sur sa faim, sa soif ou sa peur. Elle-même ne peut rester trop longtemps centre d’attention au risque de créer un attachement qui nuit à l’éveil. Elle a vocation à s’effacer au profit de tout le reste.