Vous ne le savez sans doute pas mais depuis plus d'un an (ou un peu moins d'un an, je n'ai pas fait le calcul), j'écris un journal.

Chaque matin et souvent à plusieurs reprises au cours de la journée, je jette des mots en paquet sur la page sans aucune prétention littéraire. Mon objectif : analyser dans quel état je suis. Démêler des anxiétés qui planent. "Décrire l'obstacle" comme je dis souvent, c'est-à-dire que plutôt que de rester coincé ou de remettre à plus tard, j'essaie de décrire ce qui me bloque en termes aussi plats et désengagés que possible. Et souvent : ça décoince.

Or, quand je relis mon journal – ce qui n'arrive pas souvent – je trouve que c'est... comment dire... pas désagréable à lire. En tous cas, moins pire qu'on pourrait imaginer. Moins décousu et moins ultra-personnel qu'on pourrait penser. C'est... lisible. Parfois même, à ma grande surprise, assez intéressant. Avec des prises de consciences, des idées et autant d'humour que dans ce que j'écris pour les autres.

Je me dis que tout devrait être facile comme ça.

D'autant que j'ai lu récemment ce post sur le fait d'écrire 1000 mots par jour. Un défi que s'est lancé l'auteur et qui a eu énormémenent d'impact sur sa vie autant personnelle que professionnelle. Et moi de me dire "Mais... je le fais déjà !!!". Sauf que je ne le publie pas, évidemment. 

Et aujourd'hui je me dis : fuck it. C’est sûrement un bon exercice.

D'abord, c'est toujours cette idée d'apprendre en public ("travailler avec la porte du garage ouverte" comme ils disent aux États-Unis) : ne pas attendre que le produit soit fini ou que l'apprentissage soit arrivé à terme pour partager ce qu'on fait. Sinon, on ne partage jamais rien. Austin Kleon en parle beaucoup dans Show your work.

Ensuite, ça rend ce que j'écris plus actuel, plus intime et plus personnel. Car voyez-vous, ce qui fait que je suis intarissable dans mon journal, c'est que j'écris pour explorer les problèmes concrets qui impliquent mon personnage favori : moi. Tout est grave, tout est urgent puisque ce sont les problèmes que je cherche à résoudre maintenant. Impossible de trouver la même verve et le même flot sur un sujet qui n'aurait pas la même actualité subjective, aussi intéressant soit-il dans l'absolu. Et je pense que cette urgence a quelque chose de communicatif.

Enfin, c'est la démarche que j'avais faite avec les impros vidéos l'années dernière. Vous vous souvenez ? Une vidéo de dix minutes par jour, qu'il pleuve ou qu'il vente. L'objectif était de me débarrasser du poids de la technique pour être plus spontané. C'est une spontanéité similaire que j'aimerais atteindre dans l'écriture.

J'ai donc écrit ce post de bout en bout en une dizaine de minutes sans corriger, sans relire, sans me poser trop de questions. Je vais faire une passe – et une seule – de relecture pour enlever quelques répétitions et un ou deux gros mots. Et puis voilà.

Je dis pas que c’est ouf, hein. Mais c’est là.

UPDATE: OK, j'ai fait deux passes de relecture. Du progrès quand même.