Description

Prose, scénarios, essais et réflexion sur l'écriture.

The Stagemaster : Deuxième Étape

Reçu cette semaine, à un moment particulièrement opportun (si seulement je croyais aux signes) :

Dépot Stagemaster Library of Congress
Certificat de dépot de mon scénario à la Library of Congress.

Écrit en six mois ; laissé reposer presque cinq ans ; trouvé la bonne fin récemment puis déposé à la Library of Congress. The Stagemaster : scénario de comédie dramatique situé en Grande Bretagne, écrit en anglais et que je vais pouvoir commencer à diffuser. Contacts anglophones bienvenus.

Léonard Cohen : Texte et Musique

Je redécouvre Léonard Cohen : The Partisan, oui, mais aussi "Who by Fire" qui me parle pas mal en ces périodes d’exploration zen.

Who by Fire, de Leonard Cohen

Je suis impressionné par la liberté métrique. 

Chantonner Leonard Cohen sous la douche est moins facile que prévu : on se retrouve avec des syllabes en trop, des temps en moins, on balbutie en fin de phrase, trompé par l'apparente simplicité de l'interprétation.

C'est la force des ses chansons, je trouve : la simplicité. Pas d'adjectif inutile, pas de rime obligatoire, pas de métrique imposée. On est surpris par une phrase qui s'arrête plus tôt que prévu ("I took my gun and vanished"), par la répétition inattendue d'un mot ("Oh the wind, the wind is blowing. Through the grave the wind is blowing") ou par le changement constant de métrique qui créé une musique dans la musique, comme dans "Who by Fire".

Cette liberté créé la surprise. La surprise donne du poids à chaque idée.

J’ai toujours pensé – sans trop y réfléchir, honnêtement – que la chanson était une prolongation de la musique. D'abord on apprend la guitare, ensuite on cherche quoi chanter. En écoutant Léonard, je comprends que la chanson peut être une extension de la littérature ou de la poésie : d'abord on écrit un texte, ensuite on trouve la musique pour le faire résonner.

Quand on s'arrête à l'écriture, il est impossible d'obliger le lecteur à faire une pause sur un mot ou percevoir la couleur émotionnelle d'une phrase – ou alors en ajoutant d'autres mots qui diluent l'ensemble. Dès lors, une chanson peut être vue comme une mise en espace (et en temps) d'un texte. Par le rythme et l'interprétation, on donne à chaque mot la place et la coloration que l'auteur avait imaginée mais que la page seule ne pouvait retranscrire.

Bref : bientôt Boulengerie, l'album.

Lumière du Dimanche Soir

Fin du weekend. J'ai un peu de rab, je repars à Paris demain matin.

Trouville-sur-mer dimanche soir
Quai de Trouville-sur-mer

En plus de l'administration pour ChezFilms, j'ai enfin trouvé la fin de "The Stagemaster", le long métrage en anglais que j'ai fini d'écrire... il y a si longtemps. Au moins cinq ans. J'ai trouvé la fin idoine : celle qui tombe sous le sens et éclaire les personnages d'une lumière neuve, belle et cohérente. De sorte que maintenant, je ne peux pas m'empêcher de répéter "ça ne pouvait pas finir autrement". 

J'ai aussi avancé sur un nouveau projet de moyen métrage qui m'excite beaucoup. Dès que je me ballade dans la rue, je m'y replonge et les scènes viennent toutes seules. À aucun moment je n'ai besoin de réfléchir – ce qui est le principal ennemi des scénaristes, si vous connaissez mes opinions sur le sujet.

J'ai aussi avancé sur "Quand le Gondolier Meurt", mon roman. J'en suis au dernier chapitre et ça progresse de plus en plus lentement à mesure que j'arrive au bout.

Concept Art "Ma Vie Sur Mars"

Concept art pour un court métrage d'animation que j'ai fini d'écrire il y a longtemps mais que je n'ai jamais fait avancer. La prochaine étape aurait été d'envoyer le scénario à des sociétés de production.

Ma vie sur Mars
"My Life on Mars"

Première phrase du film (voix off) :

Quand la technologie fut suffisamment avancée pour atteindre Mars, tous les gouvernements de la planète se demandèrent :
– Qui allons-nous envoyer ?
– Je sais, a dit quelqu'un ! Et si on envoyait un enfant ?
Et tout le monde a trouvé que c'était une idée formidable. Mais si vous voulez mon avis : c'était une idée à la noix.

Ce que j'avais adoré dans La Famille Addams (mais que j'ai détesté dans Mercredi)

Je profite d'avoir arrêté au milieu du premier épisode de Mercredi (j'ai essayé d'aller au bout, je promets, j'ai même arrêté puis repris) pour vous raconter ce que j'avais vraiment aimé dans le film de Barry Sonnenfeld La Famille Addams.

D'abord, oui : c'est un type d'histoire difficile à naviguer. C'est piégeux, pour un scénariste. Quand on suit une famille où tout est à l'envers, ou le mal est bien, où le haut est bas, et où toutes les valeurs sont inversées, le spectateur peut avoir un problème d'identification avec les personnages. S'ils aiment tant la tristesse et l'échec, quelle est leur motivation pour surmonter les obstacles que le film met sur leur chemin ?

La version de Sonnenfeld avait trouvé un bon équilibre. Mais pas seulement : il avait réussi à complètement renverser la vapeur. 

Sans rien perdre de l'esprit de la série, le film avait brillamment dépeint ce que de nombreux psychologues, sociologues et maîtres zen décriraient comme la famille parfaite. 

Si, je vous promets. Si vous ne me croyez pas, je vous encourage à revoir le film sous cet angle. Je ne pourrais pas faire la liste de toutes leurs vertus mais en voici quelques unes en pagaille :

C'est une famille unie où plusieurs générations vivent sous un même toit ; les parents sont amoureux et professent sans cesse leur attachement en public ; ils sont cultivés, vivent au milieu des livres et parlent plusieurs langues ; ils suivent leur passion sans juger les autres et sans se soucier de ce qu'on pense d'eux ; ils discutent ouvertement de la mort et cultivent un rapport avec leur ancêtres dont ils tirent une partie de leur identité ; ils aiment rire, faire la fête et dansent extrêmement bien ; l'éducation des enfants est construite autour du jeu, du dialogue et de la confiance ; malgré leur richesse, leur culture n'est jamais basée sur l'argent ni la possession ; malgré tout ce qui les sépare des autres, ils n'ont jamais peur des étrangers et sont extrêmement inclusifs, y compris avec ceux qui ne leur ressemblent pas et les jugent sévèrement.

Et lorsque le ciel leur tombe sur la tête, ils se serrent les coudes avec dignité.

C'était ça, la force et l'ironie du film : le véritable modèle, c'était la famille Addams. Pas la Famille Parfaite qui  juge le reste du monde en chemin vers l'église. (Mais dont certains membres trouvent une rédemption grâce aux Addams, justement.)

Je ne m'attendais pas à la même chose dans la version Netflix, bien sûr. Mais ils se sont pris les pieds dans le tapis, ai-je trouvé. Ils ont pris l'anecdotique du film pour en faire le coeur de la série. Et n'ont pas su naviguer l'inversion des polarités.

Bien sûr, tout le monde me dira que tout le sel se trouve dans la fin du premier épisode que je n'ai pas vue. Ou dans les épisodes suivants que je ne regarderai pas. Mais rassurez-vous : j'ai vu la danse de Mercredi sur internet. Je n'ai donc pas tout manqué.