"Sois toi-même, peu importe ce qu'il disent."

Si Sting le répète trois fois dans sa chanson, ça doit être important.

C'est crucial, me semble-t-il, mais aussi extrêmement difficile. Tous les auteurs (et tous les humains) que j'admire ont su, à un moment de leur vie, trouver "leur" voix, leur façon d'être, leur vision du monde ; là où beaucoup d'autres continuent à "faire comme" en imitant (mal) leurs idoles. Attention : l'imitation est une première étape sûrement essentielle. Admirer, c'est être touché. Vouloir "être comme", c'est reconnaître chez l'autre quelque chose de sublime qu'on aimerait avoir ; c'est faire preuve d'une sensibilité qui marque le début de tout. Mais pour passer au niveau supérieur, la deuxième étape n'est pas optionnelle : il faut trouver ces qualités en soi. Développer ses propres outils. Façonner son personnage à partir de sa matière intérieure.

Les principaux obstacles sont toujours les mêmes, je crois : la peur et l'ignorance.

Peur de ne pas être assez intéressant. Peur de ne pas être assez cool, fort ou torturé comme ceux qu'on envie. Peur de ne pas avoir le passé qu'il faut, le physique qu'il faut, l'esprit qu'il faut. Peur qu'il soit trop tôt ou trop tard.

Tartinée par-dessus tout ça, une couche d'ignorance. Ignorance que ces peurs sont naturelles, partagées, collectives. Qu'elles sont souvent le moteur derrière le talent et la carrière de ceux qu'on admire. Que, quelque soit la réussite, elles ne nous quitteront jamais et sont donc, quand on les met à profit, une source intime et inépuisable de création.

"Ce qu'on te reproche, cultive-le, c'est toi." – Jean Cocteau