Ça pourrait ressembler à une résolution de fin d’année mais pas du tout. C’est l'aboutissement d'une rébellion que je fomente depuis un moment.
L'année dernière, sans tambour ni trompette, j'avais (quasiment) abandonné facebook, linkedin, twitter et compagnie. Mon soucis avec les réseaux était multiple :
- On ne choisit/sait pas qui voit quoi, ni quand,
- Aucun contrôle sur l'apparence du site, ni la mise en page,
- Tout peut changer du jour au lendemain sans prévenir,
- Les contenus mis en avant ne m'intéressent pas,
- Je déteste les pubs,
- Les gens finissent par produire du contenu "pour l'algorithme",
- Ça enrichit des sociétés que je n'admire pas,
- Je suis fatigué du réflexe de regarder mon portable.
En parallèle, j'avais créé ce blog.
Mon idée était simple : j'allais poster ici tout ce que je postais ailleurs. Sur un site que je gère, dont je choisis l'apparence, qui n'est pas soumis au contrôle d'un tiers ou d'un algorithme. Et qui n'enrichit personne (à part mon hébergeur – et encore, pas beaucoup).
Bien sûr, ce faisant, j'ai perdu certains avantages :
Plus de likes. Plus de partages. Et, en vrai : plus de visiteurs.
Ce dernier point aurait dû être rédhibitoire – après tout, on publie pour être lu – mais, étrangement, j'ai continué. Pendant un an, j'ai posté du contenu sur un blog que presque personne ne venait voir.
S'est alors produit quelque chose d'inattendu.
Les mois passant, mes contenus se sont transformés. Mes articles se sont allongés, rapprochés de mes véritables préoccupations. Je me suis mis à refaire de la photographie, à écrire des dialogues, à publier des dessins, à créer davantage.
J'ai aussi commencé à améliorer le site – apparence, navigation, fonctionnalités – de sorte que c'est rapidement devenu un "chez moi". Où je me sens bien. Qui m'inspire comme un artiste peut être inspiré dans son atelier.
Mais surtout, malgré l'absence de visiteurs, chaque publication m'apportait davantage de satisfaction. Curieusement, je prenais plus de plaisir à créer pour personne que pour le public élusif et informe des réseaux.
Un an plus tard, je dirais que j'ai tiré trois enseignements de cette expérience.
Premièrement, à titre personnel, je me suis rendu compte que l'étagère sur laquelle je pose mes poteries est plus importante que je n'imaginais. J'ai besoin de cases où ranger ce que je fais – mêmes les petites choses – sans quoi le processus de création se bloque en amont.
Deuxièmement, on crée d'abord pour soi.
Plutôt qu'un explication maladroite, je suis récemment tombé sur deux vidéos d'artistes que j'admire qui le racontent bien mieux – et avec plus d'autorité – que moi :
"Ne jouez jamais pour la galerie. Ne travaillez jamais pour les autres."
– David Bowie, dans cette vidéo.
"Le public vient en dernier. Et j'y crois. Je ne le fais pas pour eux, je le fais pour moi."
– Producteur de légende Rick Rubin, dans ce short
(Sans oublier cette vidéo dont j'ai déjà parlé : Créez ou Soyez Dévoré.)
Enfin, bien sûr, il faut quand même partager. Sinon, c'est de la masturbation.
C'est pourquoi depuis peu, je me remets à publier sur les réseaux. Avec une différence importante : désormais, création et diffusion sont dissociées.
Tout passe d'abord sur mon étagère. Qui n'impose aucune règle, ne mets aucune pression, ne joue aucun jeu. C'est un moteur qui pose une unique question : "Est-ce que ça te plaît vraiment ?".
Puis après, seulement, je mets en vitrine.