2023 : L'Odyssée de la Normandie
Vous avez remarqué comme la musique de 2001 L'Odyssée de l'Espace de Kubrick rend tout étrange ? Non ? Et bien moi si :
(Ou c'est peut-être juste le Calvados qui est bizarre ?)
Vous avez remarqué comme la musique de 2001 L'Odyssée de l'Espace de Kubrick rend tout étrange ? Non ? Et bien moi si :
(Ou c'est peut-être juste le Calvados qui est bizarre ?)
La pièce m'avait tellement plu que je leur ai fait une petite captation à l'arrache. Extrait :
En espérant que ça contribue à trouver de nouvelles dates prochainement.
Le défi commence comme ça :
Ne pensez pas à des éléphants !
Bam ! Trop tard. Perdu.
Vous avez imaginé un éléphant. Ou Dumbo. Ou tout autre pachyderme lié à votre culture personnelle. Vous en avez peut-être imaginé un troupeau entier. La honte.
En psychologie, cet exercice sert à démontrer qu'on ne choisit pas toujours ses pensées. Une idée peut être plantée dans votre cerveau sans votre accord, comme sont plantées chaque jour des milliers de pensées par votre entourage, par les média, par le monde extérieur. Vous avez moins de contrôle sur votre mental que vous n'imaginez.
Mais depuis quelques années, j'apprends à développer une immunité.
Soyons clair : si vous me parlez d'éléphants, je vais penser à des éléphants, comme tout le monde. En revanche, si on faisait un concours et qu'il existait une machine pour mesurer ce genre de choses, vous verriez que je suis capable d'arrêter d'y penser beaucoup plus vite que vous.
C'est ça, mon super pouvoir : ne pas penser trop longtemps à des éléphants.
Ça peut paraître anodin (débile ?) mais cette capacité permet de vivre plus heureux. D'avoir moins d'anxiété, des relations sociales plus faciles, d'être plus léger en général. Mais avant de vous expliquer pourquoi, laissez-moi vous montrer comment. Parce que c'est très simple.
Pour arrêter de penser à des éléphants, il suffit de :
Je développe.
La première étape paraît contrintuitive mais elle est éminemment logique : si on essaie de s'empêcher de penser à des éléphants, on examine chaque pensée pour vérifier qu'elle n'en contient pas. Vous voyez le paradoxe : c'est le processus de vérification qui entretient l'idée. Même si vous parvenez à passer à autre chose, c'est la comparaison qui ramène l'éléphant.
Pour contourner le piège, l'objectif est d'accepter la prochaine idée quelle qu'elle soit, sans jugement ni comparaison. Éléphant ? Très bien. Tigre ? Voiture ? Fromage ? Formidable. Tout le monde est bienvenu. C'est ce que j'appelle "accepter d'être interrompu" : en supprimant la douane anti-pachyderme et en recevant sans condition ce qui vient, on rétablit le fil naturel de la pensée, le fameux "flot de conscience" qui, quand on ne le retient pas, ne s'attarde jamais trop longtemps sur un même sujet.
La troisième étape est décisive :
Ne pas célébrer, ça veut dire ne pas chercher à vérifier si on a réussi. Et donc ne pas se réjouir d'une éventuelle victoire. Car le même paradoxe entrerait en jeu : pour certifier cette victoire, il faudrait comparer la pensée actuelle avec la pensée interdite. Et patatras : revoilà l'éléphant.
C'est ça, l'essence profonde de "passer à autre chose" : ne plus entretenir le souvenir qu'on évite. Ne pas comparer le présent avec le passé qu'on ne veut plus. Accepter d'être ailleurs, entièrement.
Pourquoi ça rend la vie plus facile ? Parce que ce qui marche pour les éléphants marche pour l'anxiété, pour la jalousie, pour la colère. Par exemple, voici ma recette en trois étapes pour se débarrasser de l'angoisse :
Là encore, la dernière étape est déterminante : après la bataille, on aimerait se réjouir de la mort du dragon. Crier qu'il y avait ici un monstre qu'on a vaincu. Sauf qu'il suffit de prononcer son nom pour qu'il revienne : là où cherche de l'angoisse – même pour vérifier qu'il n'y en a plus – on en trouve toujours un peu.
D'où l'importance d'avancer, de passer à autre chose sans se retourner.
Après, tout dépend de ce qu'on cherche dans la vie : exister comme le Grand Tueur de Dragons dans un monde qui en est infesté ? Ou vivre comme un quidam dans un monde où ils n'existent pas ? Car les deux sont possibles et le choix dépend entièrement de soi.
Je redécouvre Léonard Cohen : The Partisan, oui, mais aussi "Who by Fire" qui me parle pas mal en ces périodes d’exploration zen.
Je suis impressionné par la liberté métrique.
Chantonner Leonard Cohen sous la douche est moins facile que prévu : on se retrouve avec des syllabes en trop, des temps en moins, on balbutie en fin de phrase, trompé par l'apparente simplicité de l'interprétation.
C'est la force des ses chansons, je trouve : la simplicité. Pas d'adjectif inutile, pas de rime obligatoire, pas de métrique imposée. On est surpris par une phrase qui s'arrête plus tôt que prévu ("I took my gun and vanished"), par la répétition inattendue d'un mot ("Oh the wind, the wind is blowing. Through the grave the wind is blowing") ou par le changement constant de métrique qui créé une musique dans la musique, comme dans "Who by Fire".
Cette liberté créé la surprise. La surprise donne du poids à chaque idée.
J’ai toujours pensé – sans trop y réfléchir, honnêtement – que la chanson était une prolongation de la musique. D'abord on apprend la guitare, ensuite on cherche quoi chanter. En écoutant Léonard, je comprends que la chanson peut être une extension de la littérature ou de la poésie : d'abord on écrit un texte, ensuite on trouve la musique pour le faire résonner.
Quand on s'arrête à l'écriture, il est impossible d'obliger le lecteur à faire une pause sur un mot ou de percevoir la couleur émotionnelle d'une phrase – ou alors en ajoutant d'autres mots qui diluent l'ensemble. Dès lors, une chanson peut être vue comme une mise en espace (et en temps) d'un texte. Par le rythme et l'interprétation, on donne à chaque mot la place et la coloration que l'auteur avait imaginée mais que la page seule ne pouvait retranscrire.
Bref, bientôt : Boulengerie, l'album. Préparez-vous.
Retrouvé dans un vieux meuble les photos prises à New York où j'avais invité ma mère il y a dix ans. À l'époque, je faisais beaucoup d'argentique et au retour, on avait organisé une petite expo dans un bar. (Les photos ont fini par y rester plusieurs années.)
Voici quelques scans de négatifs sans correction ni filtre. C'est la force de l'argentique et de la pellicule ektar : des couleurs pleines, un contraste naturel qui conserve une forte dynamique. Rien n'est jamais complètement brûlé : même dans les ciels et les reflet, on trouve un peu de matière. Leica M6 et Summicron 35 et 50mm.
Ça donne envie de s'y remettre.
J'ai utilisé ces photos pour habiller le site en attendant de trouver mieux. Comme j'ai trouvé une mine, j'en posterai sûrement d'autres prochainement.
Journée de mise en place pour un projet que je produis et réalise avec ChezFilms pour les Ponts et Chaussées. Aujourd'hui : test grandeur nature dans le studio avant le tournage des interviews qui débute la semaine prochaine.
Projet commencé en novembre qui durera jusqu'à l'été. J'en reparlerai.
Je m'étais laissé un peu aller alors ce week-end, j'avais prévu de reprendre les choses en main.
Zéro sucre : fini les pâtisseries, les gâteaux et le chocolat noir. Zéro alcool : on ne passe pas au Pub – ou alors pour un Perrier. Deux vraies sessions de méditation par jour : c'est vrai qu'à Paris, entre mon fils et les rendez-vous, je fais souvent ça trop vite – on s'y remet.
Puisqu'on y est : plus de portable. Je ne suis plus sur Facebook et compagnie mais je passe des heures sur Reddit et Youtube. On désinstalle ! (Quitte à réinstaller plus tard...)
Et pourquoi s'arrêter là ? J'ai poussé le vice jusqu'à faire l'expérience suivante :
Pendant quarante-huit heures, quand j'avais envie de faire quelque chose qui n'était pas nécessaire... Et bien NON ! Je ne le faisais pas. Le but n'était pas de me priver ou de souffrir inutilement mais d'étudier ma réponse à la frustration, de voir comment mon cerveau réagit sous pression, d'observer les pensées et les émotions suscitées par la rupture de mes habitudes.
J'ai appelé ça mon expérience stoïcienne.
Récemment, je m'étais interrogé sur le rôle de l'effort, de l'inconfort et de la discipline. Notamment, en écoutant le podcast de Chris Williamson avec David Goggins sur comment dépasser ses limites, en relisant Marc Aurèle et ses potes stoïciens, en repensant à certains enseignements du Bouddha sur la nature de l'expérience, en réécoutant la présentation de Joseph Goldstein sur la fin des passions, mais aussi, simplement, en prenant exemple sur des personnalités que j'admire qui semblent gérer l'effort différemment.
Aussi : grâce au contre-exemple de proches que je vois sombrer sous le poids de leurs addictions.
La théorie est la suivante : puisque personne n'échappe à la souffrance et à l'inconfort, il faut apprendre à vivre avec. Mieux : en faire des alliés. On ne contrôle pas les circonstances extérieures, c'est vrai, mais on peut contrôler notre relation à ces circonstances. Là existent une marge de progression et un terrain d'expérimentation.
Premier constat du weekend : c'est dur. Mais bref.
L'instant où on se refuse le gâteau, le session youtube sur le canap' ou la p'tite bière de fin de journée, cet instant-là est extrêmement difficile à traverser. Tout, à l'intérieur de soi, hurle : "Mais pourquoi ?! On a toujours fait comme ça !". Le poids des habitude pèse et le corps se rebelle : la sensation de faim se fait plus aiguë, ou la fatigue, ou l'envie de boire. Il faut faire un effort qui semble démesuré face à la taille réelle de l'obstacle.
Et une minute plus tard... plus rien.
L'inconfort et la difficulté ont disparu aussi vite qu'ils étaient venus. Pas de trace, pas de séquelle. On ne se sent ni mieux ni moins bien, comme si l'obstacle n'avait jamais existé.
Puis, à mesure qu'on laisse passer chaque nouvelle envie, ça devient de plus en plus facile – toute catégorie confondue. On finit par moins vouloir, être moins attaché à la satisfaction de son désir. Sans objectif à atteindre dans le futur, on devient plus disponible pour le présent : on reçoit ce qui est plutôt que sans cesse comparer avec ce qui devrait être.
Conséquence : on réalise que, tout le reste du temps, on agit sur la base de pulsions très éphémères qui n'ont aucune conséquence sur le bonheur à long terme. Pire : satisfaire une envie renforce le mécanisme du "je veux / j'obtiens" qui rend plus difficile de résister au prochain assaut. Lâcher prise se travaille comme un muscle.
Deuxième constat : on se trouve dans des situations inédites.
Quand je m'interdis de m'effondrer sur le canapé pour une nouvelle session youtube, pendant un moment, je me trouve un peu con. Qu'est-ce que je fais à la place ? Si je ne m'allonge pas, je reste debout ? Je m'assois ? Mais... où ? À mon bureau ? Sur cette chaise dans le coin qui ne sert jamais ? Mais... POUR QUOI FAIRE ?
Une habitude, c'est l'autorisation qu'on se donne de s'abandonner corps et âme à une activité familière qui ne pose aucune question. Dès qu'on rompt le traintrain, plus rien ne va de soi et les questions reviennent. Tout devient nouveau et mystérieux. Et si je jouais du xylophone ? Si je nettoyais les carreaux ? Rappelez-moi : qu'est-ce qu'on faisait pour se distraire avant les portables ?
Parce que soyons honnête : une session youtube, c'est vingt minutes minimum – et il y en a plusieurs dans la journée. La bière, c'est souvent deux bières, et ça implique un trajet, des potes et du blabla. Quand au sucre, c'est comme la bouffe en général : c'est tout un rituel qui nécessite de faire des courses, de cuisinier, de manger, de faire la vaisselle, etc. Souvent avec la radio ou la télé.
Donc c'est mathématique : quand on arrête tout ça, on a du temps en plus.
Des heures, littéralement.
C'est pourquoi ce weekend, sans vraiment m'en rendre compte, je me suis remis à dessiner, j'ai refait de la musique sur mon Pocket Operator, j'ai visité une maison de retraite et un cimetière, j'ai lu beaucoup plus que d'habitude, et mon journal est rempli de fulgurances sur le sens de la vie et la nature de l'existence.
Je recommande.
Au lieu d'être scotché à mon téléphone, j'ai fait quelques dessins (toujours cette expérience stoïcienne dont je parlerai) :
On voit bien que ça n'a pas été généré par une I.A., non ?
J'ai mené ces deux derniers jours une "expérience stoïcienne" – je vous raconterai – qui m'a mené en soirée au cimetière de Trouville où je n'étais encore jamais allé et qui, contrairement à ce qu'indiquait le panneau, était encore ouvert. Ou mal fermé.
J'en ai fait le tour. Plus grand que j'imaginais (les Trouvillais ne font rien qu'à mourir) et très paisible.
Et comme, à l'allée, c'était aussi la première fois que je traversais la résidence de retraités, ça m'a inspiré, au retour, ces lignes qui pourraient faire un début de roman :
Le cimetière est là-haut, au bord de la ville.
La maison de retraite est à côté du cimetière.
La quartier pauvre longe la maison de retraite.
L'école publique est au milieu du quartier pauvre.
M. Grandpierre est directeur de l'école publique.
Et ce matin-là, le nouveau maire est venu voir M. Grandpierre.
Je vous laisse écrire la suite, j'ai autre chose à foutre. Bisou.
Chanson du moment. Je l'aime parce qu'elle n'a pas vraiment de refrain, les paroles sont nostalgiques et elle finit en apothéose. C'est pas tout jeune – 2007 – mais je l'ai découverte récemment à la suite de This is the life que j'ai toujours appréciée.
Le thème commun des deux morceaux, c'est... comment dire ? Une mythologie associée à la musique et à l'adolescence. Les groupes, les soirées, les fêtes, les festivals... Quand on est jeune, ce n'est pas simplement la culture ou une étape de la vie. : c'est un monde. C'est le monde. (This is the life!)