C'est la question clé et la question piège.
On a l'impression d'agir pour l'autre, pour être gentil, pour rendre service, mais on travaille en secret pour soi, pour son image, pour sa satisfaction personnelle.
Par exemple : je suis souvent suspicieux des gens qui sont trop gentils avec les caissières.
Dire "merci, bonne journée", bien sûr. Mais certaines personnes en font des tonnes : "Merci, très bonne journée, madame. Et surtout, bon courage, hein ! Bon courage." La caissière acquiesce poliment ; elle n'en demandait pas tant. Et j'ai du mal à imaginer que le client, en sortant, ne se dise pas "je suis quelqu'un de formidable. Regardez comment je comprends et soutiens les petits travailleurs."
Ma théorie est que, secrètement, cette personne fait ça pour elle. Pour son estime personnelle.
Et que l'interaction, de par son caractère éminemment artificiel, n'a en rien allégé le fardeau de la caissière.
Je me rends compte que ça m'arrive aussi, bien sûr.
Sous couvert d'être au service, de participer, de renseigner, je mène en réalité des opérations de communication pour prouver que je suis un type bien. Qu'on pense du bien de moi.
Est-ce que j'essaie de comprendre cette personne pour l'aider, ou pour lui montrer que je comprends ? Est-ce que je raconte cette histoire pour la renseigner, ou parce qu'elle me met en valeur ?
Comme d'habitude, l'objectif n'est pas de changer mais de remarquer. Une fois mis en lumière, ces travers s'évanouissent.
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