Une note par jour 👇
Modeler sa journée
Quand je me lève le matin, je ne sais pas.
J'ai des choses à faire ("quoi"), comme tout le monde, mais je n'ai aucune idée de comment je vais m'y prendre.
Et je crois que c'est ça, le secret.
Les obligations sont comme des contrats passés avec le monde extérieur : on s'engage sur un résultat.
Mais on est entièrement libre sur la manière et la forme.
Donc chaque matin, je fais un état des lieux. Quelles émotions sont présentes ? Quelles envies ? Quel temps fait-il dehors ? Que nous dit cette journée ? Quelles occurrences se manifestent spontanément ?
On repère ces ingrédients disparates puis on invente une recette qui n'existait pas la veille.
L'ignorance est clé dans ce processus.
Sans plan pré-établi, on est bien obligé d'ouvrir les yeux, d'improviser, de danser avec ce qui survient.
Sinon, pourquoi se lever ? N'est-ce pas ça, la vie ?
"Si on sait exactement ce qu'on va faire, à quoi bon le faire ?"
– Pablo Picasso
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4000 followers 😯
Trois ou quatre de mes vidéos quotidiennes ont bien marché sur Instagram et BOUM : mes followers ont plus que doublé en quelques jours.
J'étais content d'atteindre 2500 abonnés mais j'étais à 4000 deux jours plus tard.
Ça fait comme quand plusieurs vidéos étaient devenues virales sur TikTok en début d'année : je ne pouvais plus poser mon portable sans revenir à 99+ notifications. Là, je gagne des followers à chaque minute.
Ce qui est agréable : ce sont mes vidéos les plus sincères qui marchent le mieux, celles où j'ai exprimé des idées qui me parlent réellement. Je dois commencer à trouver "mes pairs".
Évidemment, c'est sur Instagram. Donc c'est mal. Je commence à réfléchir à des alternatives.
UPDATE : 5200 le lendemain matin 😯
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La Merdification - Partie 2
Le premier podcast avec Cory Doctorow m'a tellement plu que j'en ai écouté un deuxième : "Capitalism ruins everything".
À peu près le même sujet que le podcast précédent, avec un focus particulier sur les fusions-acquisitions qui donnent naissance à des géants devenant des monopoles de fait.
Quelques idées nouvelles qui m'ont marqué :
- The "chickenization" ("pouletisation") qui décrit l'intégration horizontale et verticale de certaines industries, sur le modèle des éleveurs de poulets : le grand groupe agroalimentaire leur dit quelle espèce élever, comment les nourrir, comment organiser l'espace, à quelle heure allumer et éteindre les lumières... Les éleveurs n'ont aucun pouvoir. Sans le savoir, ils peuvent faire partie d'une "expérience" : du jour au lendemain, les poulets meurent. Pour l'éleveur, c'est une tragédie ; pour le groupe, un point de données supplémentaire pour gagner davantage de contrôle.
- Quand les acheteurs se consolident pour former des grands groupes, les vendeurs n'ont pas d'autres choix que de faire la même chose pour lutter, créant d'autant moins de choix pour le consommateur final.
- Amazon a perdu 100 millions de dollars en un mois en donnant gratuitement des couches pour bébé... afin de couler un concurrent qui s'était lancé dans la livraison de couches. Une mise en garde à tous les entrepreneurs.
- Le droit d'auteur individuel des artistes ne permet pas de les protéger contre les grands groupes avec lesquels la négociation est trop déséquilibrée. Les droits collectifs semblent une meilleure voie.
- Microsoft a beau avoir gagné le procès antitrust de 2001, la déposition de Bill Gates a été dévastatrice pour lui et pour sa société. La punition, c'est le processus, pas le résultat. Pour cette raison, la majorité des grands groupes préfèrent négocier. Malgré ça, il est nécessaire de trouver des solutions plus immédiates que les procès qui prennent parfois des décennies.
- Le fait qu'il n'y ait pas de carte ne veut pas dire qu'il n'y a pas de chemin. Il faut parfois naviguer à vue pour découvrir les ouvertures : c'est la fondation de l'espoir.
Ce type, Cory Doctorow, ancien auteur de science fiction devenu activiste, est passionnant. Je vais le suivre de plus près.
Une chose bien faite
Fatigué, un peu pressé, alors je cherche à mettre quelque chose à la va-vite dans ce blog.
Peut-être une vieille vidéo ? Une archive ?
Puis je me souviens :
Si je fais du remplissage ici, je ferai du remplissage après. Puis encore après. Et rapidement, c'est la journée entière qui sera faite à la va-vite.
Fais, ou ne fais pas. Mais si tu fais, fais bien.
Prends le temps de te demander : qu'ai-je vraiment envie de raconter ? Qu'est-ce qui vient naturellement ?
Pas besoin d'être long, ni intelligent. Juste vrai.
C'est mon expérience qu'une seule chose bien faite, sincèrement, jusqu'au bout, entraîne toutes les autres et peut changer le cours d'une journée.
La vaisselle. Un dessin. Une note de blog.
Et nous voilà à nouveau connecté.
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Ça (re)commence aujourd'hui
Je recommence mon document "Aujourd'hui".
C'est une courte note sur mon téléphone que je lis tous les matins.
Elle contient :
- Ce que je fais chaque jour si possible (méditation, mini-sport, vidéo quotidienne, post pour ChezFilms) avec un conseil ou une idée forte si nécessaire.
- De grandes directions à long terme : idées à mettre en place régulièrement concernant la présence, la vie sociale, la créativité.
- Quelques idées et pense-bêtes à court terme, pour le travail ou les projets en cours par exemple.
Il est inutile d'accumuler des notes si elles ne sont pas utilisées. En cela, la note "Aujourd'hui" est une façon de communiquer avec moi-même : j'y garde tout ce qui me semble important et que je ne veux pas me laisser oublier.
C'est une note très courte et vivante que je mets à jour régulièrement : ce qui reste a été poli par de multiples lectures/réécritures et est donc en général très fort et très clair. De nouvelles idées sont ajoutées de temps en temps – qui passent le test du temps ou non.
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Sans voix dans la tête ?
Ça m'est arrivé la première fois la veille du confinement.
Je méditais depuis deux ans et le matin, presque sans faire exprès, j'ai arrêté la voix dans ma tête.
Plus de blabla intérieur, plus de jugement permanent, plus de rumination anxieuse. Le silence.
J'étais stupéfait.
Ça m'était sûrement déjà arrivé avant mais c'était la première fois que je le remarquais – et que ça durait. Je pouvais maintenir ce silence.
J'ai passé la journée à errer dans les rues, explorant cette nouvelle expérience.
Il est donc possible d'interagir avec le monde sans petite voix qui juge tout ? Il est possible de regarder un objet sans entendre "j'aime ou j'aime pas" ? De choisir la prochaine direction sans délibération verbale ? De prendre une décision sans le couperet d'un jugement intérieur ?
J'ai fini par comprendre que la pensée verbale n'était pas la source de l'action. Ce n'est pas elle qui "réfléchit à haute voix (dans la tête) pour prendre une décision". Les décisions sont prises ailleurs. Elle ne fait que commenter.
Et il est parfaitement possible (souhaitable ?) de vivre et d'agir sans ce commentaire.
La Merdification
Cory Doctorow a inventé le terme "Enshittification".
Dans le podcast d'Adam Conover, je pensais qu'il allait faire un bref état des lieux, un peu de pub pour son bouquin éponyme, deux ou trois blagues, et puis voilà.
Ce que j'ai découvert : un des discours les plus riches et les plus pertinents sur la technologie, la propriété intellectuelle et le monde moderne que j'ai entendu depuis longtemps.
Cory nous explique que le processus de merdification se fait en cinq étapes :
- Produire un super produit pour attirer les clients.
- Les "ferrer" ("lock them in") en rendant le départ compliqué ou coûteux.
- Dégrader l'expérience utilisateur pour la rendre plus attirante pour les entreprises.
- Ferrer les entreprises à leur tour par manque d'alternative.
- Dégrader l'expérience pour tous afin de garder le surplus.
À l'instar des banques ("too big to fail"), les grandes plateformes puisent leur pouvoir de la difficulté de leurs utilisateurs à partir ("too big to care").
Ce qui leur donne liberté entière pour transformer – et au final dégrader – l'expérience client à leur profit exclusif. 3 exemples :
- Google a volontairement dégradé la pertinence de son moteur de recherche pour multiplier les impressions publicitaires (+ de recherches pour trouver un résultat = + de pub)
- En Finlande, les prix affichés par les étiquettes électroniques dans les supermarchés changent environ 2000 fois par jour pour ne jamais perdre la marge ajustée.
- Aux USA, la plupart des infirmières sont des freelance qui passent par une plateforme pour être engagées. L'application a accès à leur "credit score" ce qui permet aux hôpitaux de proposer des salaires moindres aux infirmières en difficulté.
Dans ce processus, une app est, selon Cory, un "site web empaqueté dans de la propriété intellectuelle" : la loi interdit formellement de customiser, étendre ou adapter une application, sous peine de lourdes sanctions.
Donc l'utilisateur n'a aucune arme pour se défendre et "dé-merdifier" son expérience. Il est prisonnier.
"Imaginez que la personne qui a fabriqué votre maison soit la seule à pouvoir la réparer."
Des solutions ?
Les efforts de l'UE pour encadrer la technologie (notamment concernant l'interopérabilité) sont une bonne piste, dit-il. Mais la fameuse "Euro Stack" censée remplacer les GAFAM ne sera utile qu'avec les bons outils de migration permettant aux administrations de ne pas repartir de zéro – impossibles à concevoir sans reverse engineering.
Au final, il estime que les grandes entreprises sont obsédées par les IP (intellectual properties) dans l'illusion qu'elles leur permettraient de s'affranchir du facteur humain, moins contrôlable. Mais :
"La recette pour fabriquer quelque chose est beaucoup moins importante que la connaissance nécessaire pour la suivre."
Test en papier
Dans la série "vieux projets abandonnés dont je retrouve des images" :
Je voulais faire une série (oui, j'étais ambitieux quand j'étais jeune) de courts métrages animés nommée "Contes pour enfants tristes" dont le premier volet se serait intitulé "Le Mot de Passe".
L'idée était d'utiliser la 3D (Maya, à l'époque) pour créer un monde de papier où aurait pris place l'histoire.
"Certains soirs, pour jouer, le papa de Bastien se transformait en monstre. Et quand le papa de Bastien faisait trop peur, ou faisait trop mal, il y avait un mot de passe. Quand on le prononçait, le papa de Bastien arrêtait d'être un monstre. Mais un jour – c'était un soir – Bastien oublia le mot de passe."
Contrôler, c'est résister
Vous ne connaissez pas le futur.
Vous ne savez pas si votre plan va marcher ou non.
Et s'il marche, ou s'il échoue, vous ne savez pas si vous allez ressentir ce que vous aviez prévu de ressentir. ("C'est tout ce que je voulais mais je me sens vide.")
Et même si tout se passait comme prévu, vous ne connaissez pas les conséquences des conséquences. L'occurrence positive ou négative qui se transforme avec le temps. La bénédiction qui devient un drame, ou inversement.
À tel point qu'il est presque présomptueux de prétendre qu'on sait.
Dire "je vais faire telle action" ou "je vais aller dans telle direction" parce qu'on imagine que ça va avoir telles conséquences dans le futur... est une illusion.
Le contrôle est une illusion.
Vous ne savez pas quel détour inexplicable, apparemment inutile, sera nécessaire pour vous mener là où vous devez être.
Le véritable guide semble être l'instinct. L'excitation.
Ignorer ces appels pour s'entêter vers ce qui est prévu, vers ce qui est raisonnable, vers ce qui est bien vu, c'est s'opposer au flot. Nager contre le courant. Résister.
Et résister, c'est souffrir.
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Comment je gère LinkedIn (et le reste)
Je suis allergique à tout ce qui n'est pas sincère.
Depuis petit, je ne supporte pas la pub. ("Mais il y en a des bien !" – c'est pas le problème.) J'ai aussi du mal avec certains journaux télévisés, certains discours, certains réseaux.
Mon problème : le gouffre entre le prétexte affiché (je vous divertis, je partage un conseil, je vous donne de l'information) et la motivation réelle (je veux votre argent, votre attention ou vos likes). Ce n'est pas une décision consciente : ça ne passe pas. Un vrai blocage.
Alors quand j'ai voulu développer mon activité professionnelle, c'est devenu une source d'anxiété. Vais-je devoir faire pareil ? Ai-je été protégé jusqu'ici mais, maintenant que je suis gérant, il va falloir avaler la pilule et produire du blabla ?
Après un long détour, la réponse est... NON. (Ouf.)
Non seulement ce n'est pas obligatoire, mais ce n'est, selon moi, pas la bonne voie.
J'ai d'abord essayé de me forcer et c'était l'horreur : les smileys, les appels à l'action artificiels, le recours à des LLM pour rendre mes posts "plus LinkedIn". C'était faux. Pas mon style. Et ça ne marchait pas.
Puis j'ai fait un travail de fond.
Depuis deux ou trois ans, j'ai commencé à produire des vidéos et des articles. Pas pour LinkedIn, ni pour le boulot, non : pour moi. Que (presque) personne ne voit. (Maintenant ça marche mieux 🙂)
Ma seule consigne : être absolument sincère. Interdit de se cacher derrière la technique, derrière l'humour ou derrière une quelconque obligation. Et croyez-moi : il n'y a rien de plus difficile que de partager des idées personnelles en public quand personne ne vous a rien demandé.
Je poste donc aujourd'hui un article et une vidéo par jour (pas ici). Ce qui, avec le temps, a eu deux conséquences : D'abord, ça m'a réconcilié avec le son de ma voix. Je parle comme je parle et ça ira très bien comme ça.
Mais surtout : ces contenus m'ont permis de connecter avec des gens qui aiment ce que je fais naturellement. Qui partagent des doutes similaires, le même humour, des intérêts convergents. Ce sont eux, mes pairs, mes relations, mes collaborateurs.
Puis il est devenu clair que ce n'était plus une question de plateforme : je pouvais trouver ces gens partout. Dans un cocktail. Dans la rue. Sur LinkedIn. Si bien que, peu à peu, la démarcation entre mes contenus personnels et mes posts professionnels a commencé à se brouiller.
Je m'exprime de la même façon face à un ami, un inconnu, un client.
Une partie de mes posts LinkedIn sont maintenant directement extraits de mon blog personnel. Tout le monde n'accroche pas. Ce n'est pas grave : ils sont destinés à ceux qui accrochent.
Cette nouvelle façon de faire a rendu ma communication plus alignée, donc plus facile.
Et, au final, plus efficace.
"Soyez vous-même pour que ceux qui vous cherchent puissent vous trouver" – Harlan Hamilton
En lien :
- Marre du bla bla
- Être soi-même n'est pas un luxe
- Pour mieux écrire (reel instagram)
Voûte et résilience
C'est un prof d'architecture qui nous avait donné cette citation lors d'un séminaire structure aux Ponts.
Une fois la dernière pierre en place ("la clé"), une voûte tient toute seule. Pas besoin de clous, de béton, de soutien. Non seulement ça tient, mais ça peut supporter du poids. D'où cette citation de Primo Levi :
"Pourquoi, me demandai-je, la voûte ne s'éboule-t-elle pas, alors qu'elle n'est pas soutenue ? Elle se tient, me répondis-je, parce que toutes les pierres veulent tomber dans le même mouvement. Cette pensée m'a apporté un grand réconfort, et je la garde à mes côtés jusqu'au moment décisif, espérant que je saurai moi-aussi me maintenir, lorsque tout en moi voudra sombrer."
– Primo Levi, La Trêve
Une application inattendue du tenseur des contraintes à la résilience humaine.
Dernier podcast Marc Maron & Barack Obama
Après plus de 1600 épisodes sur 16 ans, le comédien américain Marc Maron a diffusé le dernier épisode de son podcast cette semaine. Son dernier invité : Barack Obama – qu'il avait déjà interviewé une fois.
J'adore Marc Maron, son humour, ses conversations, et je vais être triste qu'il arrête. C'était l'un des premiers à lancer ce format long à une époque où les podcasts n'étaient pas encore cools.
J'ai trouvé dans sa conversation des idées fortes qui résonnent avec mes réflexions actuelles. Voilà quelques propos d'Obama qui m'ont marqué :
- Au final, on n'a pas besoin d'être d'accord sur tout pour travailler avec quelqu'un.
- Sachez ce en quoi vous croyez vraiment. C'est le point de départ.
- La période après la seconde guerre mondiale n'était pas parfaite. Mais au moins, il y avait une histoire commune.
- Il faut être tolérant avec les gens. Tant qu'ils n'essaient pas activement de vous faire du mal, il faut être tolérant.
- Parfois on gagne et on est heureux. Parfois on perd et on se retire un moment pour panser ses plaies avant de revenir. Mais on ne va pas chercher à vous détruire parce que vous avez perdu.
- Une des nécessités des démocraties libérales, c'est d'accepter des victoires partielles, pas uniquement la perfection. La seule question est : est-ce que ça va dans la bonne direction ?
- On va probablement dépasser l'objectif des 2 degrés celsius. Parce que c'est très dur pour les humains de changer de source primaire d'énergie en une génération. Mais on a fait des progrès.
Apprendre à travailler avec les gens qu'on aime peu – ou pas – pour poursuivre un objectif commun plus important, c'est mon sujet de réflexion actuel.
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En lien :
Je tiens mes promesses
Je n'ai toujours pas ajouté Google Analytics pour savoir combien de gens lisent ce blog.
Je ne vais pas le faire.
Oh, je ne m'imagine rien, au contraire ! Je n'ai aucun espoir secret sur la fréquentation.
D'ailleurs, je ne veux pas savoir.
C'est ce que le Bhagavad Gita appelle le "fruitless work" : le travail sans attente de résultat. Je fais, je fais, je fais, du mieux que je peux, puis... c'est tout. Le travail est la récompense.
Avantage : mon travail n'est pas conditionné par le public. Je ne bâcle rien sous prétexte que "ça n'est pas lu". Je ne refais pas le même post sous prétexte que "le premier a bien marché".
Je fais. Tous les jours. Ce que je sais faire.
Comme tout le monde, finalement.
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5 idées fortes pour gérer la crise
J'étais hier soir à la table ronde "Face aux crises, comment se préparer collectivement", animée par Alexandre Florentin avec Ziad Touat, Conseiller en gestion de crise, et Christian Clot, explorateur-chercheur.
Voici 5 idées fortes que j'en ai tirées :
- Avant, la gestion des crises était une affaire essentiellement militaire et réservée aux personnels compétents. Maintenant, on essaie d'intégrer au maximum des chercheurs, des citoyens, des enfants. Développer les bons réflexes chez les personnes qui seront confrontées au problème peut tout changer.
- Votre faculté à gérer une crise dépend de votre capacité à accepter la réalité de la situation. Plus on est en déni ("c'est pas vrai, c'est pas possible"), plus on va avoir du mal à prendre des mesures pour gérer la crise telle qu'elle est. La préparation mentale peut être décisive.
- Le niveau sonore d'une salle de crise idéale ne dépasse pas 80 décibels. On parle calmement ; on reçoit, on vérifie puis on traite l'information, l'objectif étant de proposer les alternatives les plus pertinentes à celui ou celle qui doit prendre une décision.
- L'humilité est fondamentale. Se méfier de ceux qui perçoivent la crise comme une occasion de briller pour devenir les héros de la situation. Se méfier également de l'homogénéité excessive de certains groupes : une salle de crise composée d'ingénieurs donnera une solution d'ingénieurs. Idem pour les militaires. Importance de la diversité cognitive.
- Le lien social est la clé. Si vous regardez mes vidéos, vous savez que c'est une question qui me travaille. Il faut être capable de créer un lien social de rue, de quartier, de ville. Il faut pouvoir travailler avec les gens qu'on aime moins – voire pas du tout – pour atteindre des objectifs communs lorsque ceux-ci sont vitaux pour tous.
Et moi, suis-je prêt à affronter une crise ?
Les transitions n'existent pas
Sans doute une des principales illusions qui empêchent la présence.
Les transitions : cette idée que le moment actuel ne compterait pas "pour de vrai", qu'il ne serait que le passage vers un futur qu'on attend.
Par exemple : le trajet avant la destination – en métro, en avion, à pied. Ce n'est pas un voyage, pas une expérience, non : sa seule vertu est de nous amener quelque part. Rien de positif ne peut arriver, rien n'est digne d'attention, à part les mauvaises surprises qui causeront le retard.
L'attente avant un évènement – une rencontre, un rendez-vous, un moment attendu. C'est d'ores et déjà du temps perdu, où rien d'intéressant ne se produira. On est déjà dans la suite, dans ce qui doit arriver.
Car en réalité, bien sûr, ces moments-là sont tout autant "le présent" que les autres.
Ils pourraient être aussi riches, aussi vibrants, aussi transformateurs.
D'autant que parfois la destination est décevante. Ou n'arrive pas.
C'est ce que je me dis quand je mets mon fils dans la voiture pour prendre l'autoroute : "Les vacances ensemble commencent maintenant". Ce trajet en fait intégralement partie.
Qui sait ? Ça pourrait en être le meilleur moment.
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En lien :
Nouvelle chaîne ChezFilms
Je fais pour ChezFilms la même chose que pour la Boulengerie :
Une vidéo quotidienne du lundi au vendredi pour donner des conseils aux experts sur mes sujets clés : stratégie narrative, prise de parole et production de contenus.
Je devais commencer cette semaine mais je me casse la tête sur le workflow : comment faire des vidéos qui s'adaptent facilement sur toutes les plateformes (Youtube, Instagram, TikTok, Linkedin et le site web).
Ce sera un peu plus sérieux que mes vidéos persos. Mais pas beaucoup plus.
L'ego et le monde
Cette idée-là est peut-être plus difficile à concevoir pour qui n'est pas familier avec le concept de "vide" (emptiness).
Mais j'y pense de plus en plus souvent. Je l'avais trouvée dans le livre Seeing that frees de Robert Burbea.
La voici : ce qu'on appelle l'ego n'est pas une propriété figée d'une personne.
Au long d'une vie, d'une semaine, d'une journée, l'ego se promène sur un spectre : il se manifeste plus fortement ou disparaît presque complètement en fonction des situations.
Qu'est-ce qui régit ces variations ?
Comme toujours : l'attachement.
Quand je veux ou refuse quelque chose, quand je nourris du désir ou de l'aversion pour un objet, l'objet en question et mon ego apparaissent en même temps. Les bouddhistes appellent cela la "coproduction dépendante" (dependent arising).
L'instant d'avant, je peux être dans le flot du présent, passant librement de sensation en sensation en toute légèreté : pas de centre, pas de sujet, pas d'ego. Je flotte.
Puis je m'attache à une pensée. Tout à coup, je veux, je refuse, je rumine. L'ego n'est rien d'autre que cette relation qui vient de se créer entre cette idée de moi (qui était introuvable la seconde précédente) et l'idée de cet objet (qui n'existe pas vraiment).
Loin d'être un défaut, l'ego est donc avant tout une relation.
Une relation entre deux objets qu'on choisit soi-même de créer.
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En lien :
Le faites-vous pour vous ?
C'est la question clé et la question piège.
On a l'impression d'agir pour l'autre, pour être gentil, pour rendre service, mais on travaille en secret pour soi, pour son image, pour sa satisfaction personnelle.
Par exemple : je suis souvent suspicieux des gens qui sont trop gentils avec les caissières.
Dire "merci, bonne journée", bien sûr. Mais certaines personnes en font des tonnes : "Merci, très bonne journée, madame. Et surtout, bon courage, hein ! Bon courage." La caissière acquiesce poliment ; elle n'en demandait pas tant. Et j'ai du mal à imaginer que le client, en sortant, ne se dise pas "je suis quelqu'un de formidable. Regardez comment je comprends et soutiens les petits travailleurs."
Ma théorie est que, secrètement, cette personne fait ça pour elle. Pour son estime personnelle.
Et que l'interaction, de par son caractère éminemment artificiel, n'a en rien allégé le fardeau de la caissière.
Je me rends compte que ça m'arrive aussi, bien sûr.
Sous couvert d'être au service, de participer, de renseigner, je mène en réalité des opérations de communication pour prouver que je suis un type bien. Qu'on pense du bien de moi.
Est-ce que j'essaie de comprendre cette personne pour l'aider, ou pour lui montrer que je comprends ? Est-ce que je raconte cette histoire pour la renseigner, ou parce qu'elle me met en valeur ?
Comme d'habitude, l'objectif n'est pas de changer mais de remarquer. Une fois mis en lumière, ces travers s'évanouissent.
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En lien :
La mécanique du succès
Si je devais résumer ce que j'ai compris de plus important au cours des dernières années, je dirais ceci :
1. Pour se démarquer, il faut mettre en place une mécanique.
Réussir une chose, même de façon éclatante, ne suffit pas. C'est la répétition d'une action – même simple – qui apporte la transformation qu'on cherche – à l'intérieur ou dans le monde.
C'est vrai en spiritualité (rien de plus répétitif et simple que méditer), en musique (on appelle même ça "répéter"), dans le travail, dans la communication, les relations, la santé...
La persistance dans une même direction compte plus que l'intelligence, la volonté ou le talent. Mais :
2. Pas de mécanique sans alignement.
La discipline, la volonté, les bonnes résolutions (...) ne suffiront jamais à garder le cap. Quelques jours, quelques mois, peut-être. Mais rapidement, on s'épuise, on craque.
L'unique façon de mettre en place une mécanique à long terme est d'être parfaitement aligné.
Être entièrement soi-même. Faire ce qui est 100% naturel. Suivre aveuglement son instinct en laissant tomber tout le reste.
Sauf que : Très peu de gens savent réellement qui ils sont et ce qu'ils veulent. Leur connaissance d'eux-même est occultée derrière des idées intellectuelles et plusieurs décennies de conditionnement. D'où...
3. Pas d'alignement sans connaissance de soi.
C'est la pierre angulaire de l'édifice : apprendre à se connaître.
Faire le travail intérieur pour déconstruire les préconceptions qu'on entretient sur soi et sur le monde afin d'atteindre sa vérité.
Cette vérité est la véritable source de l'action. Celle qui va durer. Et donc changer les choses.
"Connais-toi toi-même." - Socrate
"Deviens ce que tu es." - Nietzsche
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En lien :
 
 
 
 
 
